Introduction :
Frantz Fanon, psychiatre martiniquais et penseur révolutionnaire, demeure une figure centrale des études postcoloniales en Afrique. Ses œuvres majeures, Peau noire, masques blancs (1952) et Les Damnés de la Terre (1961), offrent une critique radicale du colonialisme tout en proposant une dialectique de la libération applicable aux luttes contemporaines sur le continent africain.
Colonialisme et aliénation psychologique :
Fanon analyse le colonialisme non seulement comme un système économique d’exploitation, mais aussi comme un processus d’aliénation psychologique :
- Intériorisation du complexe d’infériorité : Le colonisé adopte les valeurs du colonisateur au détriment de sa propre identité culturelle. Ce phénomène est particulièrement visible dans les élites africaines formées dans les écoles coloniales.
- Violence symbolique du langage : Le français ou l’anglais imposés comme langues officielles deviennent des instruments de domination culturelle. Fanon souligne que « parler une langue, c’est assumer un monde ».
La violence comme praxis libératrice :
Dans Les Damnés de la Terre, Fanon défend la violence révolutionnaire comme moyen nécessaire pour briser les chaînes du colonialisme :
- Récupération du pouvoir symbolique : La violence permet au colonisé de se réapproprier son humanité en renversant l’ordre établi.
- Construction d’une nouvelle société postcoloniale : Fanon insiste sur la nécessité d’éviter le néocolonialisme en construisant des institutions véritablement souveraines et inclusives.
Cependant, cette position a suscité des débats parmi les penseurs africains contemporains qui questionnent son applicabilité dans un contexte globalisé.
Résonances contemporaines en Afrique subsaharienne :
Les idées fanoniennes trouvent un écho particulier dans les luttes actuelles contre le néocolonialisme économique et culturel :
- Mouvements panafricanistes modernes, tels que ceux portés par Thomas Sankara ou Patrice Lumumba avant leur assassinat.
- Critique des institutions financières internationales, perçues comme perpétuant une domination structurelle sur les économies africaines.
- Réappropriation culturelle, visible dans des initiatives artistiques qui célèbrent les langues et traditions locales.
