Une reconnaissance attendue depuis des décennies
Le 12 août 2025, le président français Emmanuel Macron a officiellement reconnu, lors d’un discours à Yaoundé, la responsabilité de la France dans la guerre coloniale menée au Cameroun dans les années 1950 et 1960, au moment de la lutte pour l’indépendance.
Cette déclaration, jugée historique, met fin à plus de 60 ans de déni officiel autour d’un épisode marqué par des exactions, des villages brûlés, des arrestations massives et l’élimination de figures nationalistes.
Un passé sombre : la guerre contre l’UPC
Entre 1955 et 1971, le Cameroun a été le théâtre d’une guerre insurrectionnelle opposant l’Union des Populations du Cameroun (UPC) aux forces coloniales françaises et, plus tard, à l’armée camerounaise nouvellement indépendante mais soutenue par Paris. De nombreuses archives montrent que des milliers de civils ont perdu la vie lors d’opérations de répression menées dans les régions Bassa et Bamiléké.

Démarche mémorielle et enjeux diplomatiques
En reconnaissant cette guerre, Macron a annoncé :
- La déclassification d’archives pour permettre aux historiens et familles de victimes d’accéder à la vérité ;
- Une coopération culturelle renforcée autour de projets mémoriels au Cameroun ;
- Un dialogue bilatéral rénové pour apaiser les tensions héritées de l’histoire coloniale.
Cette reconnaissance vise à améliorer les relations franco-camerounaises, essentielles dans un contexte où la Chine et d’autres acteurs économiques renforcent leur influence en Afrique centrale. Elle intervient également alors que la France cherche à repositionner sa diplomatie africaine après le retrait militaire du Sahel.
Réception partagée au Cameroun
Si certains saluent un geste courageux, d’autres estiment que la reconnaissance ne suffit pas sans excuses officielles ni réparations concrètes. Des associations de victimes réclament aussi une aide au développement ciblée pour les régions les plus touchées par cette guerre oubliée.