Introduction
Le financement de la santé en Afrique est au cœur des débats en 2025. Avec la baisse drastique de l’aide internationale et l’augmentation des besoins sanitaires, la question de la soutenabilité financière devient cruciale. Les gouvernements, les institutions régionales et les partenaires internationaux cherchent de nouveaux modèles pour garantir l’accès universel à des soins de qualité et bâtir des systèmes de santé résilients.
La fin de l’ère de l’aide extérieure massive
L’aide publique au développement pour la santé en Afrique a connu une chute de plus de 70 % en moins de dix ans2. Cette évolution met en péril la capacité des États à financer les services essentiels et expose les vulnérabilités structurelles des systèmes de santé. Dans ce contexte, la prochaine décennie doit impérativement donner la priorité aux investissements nationaux durables et à la coordination régionale.
Mobiliser les ressources nationales
Face à la raréfaction de l’aide extérieure, les pays africains sont appelés à augmenter leurs budgets nationaux de santé. L’exemple du Mozambique, qui a récemment renforcé son engagement financier, montre que la volonté politique et la mobilisation des ressources domestiques sont possibles et efficaces2. La fiscalité, la lutte contre la corruption et l’élargissement de l’assiette fiscale sont des leviers essentiels.
Nouvelles sources de financement et innovation
Pour garantir la soutenabilité, l’Afrique doit diversifier ses sources de financement. Parmi les solutions innovantes figurent :
- Les assurances santé sociales nationales et communautaires (comme au Kenya)
- Les partenariats public-privé pour développer les infrastructures et les services
- L’émission d’obligations santé ou de « social bonds »
- L’utilisation de la technologie pour améliorer la collecte et la gestion des fonds
L’innovation financière permet aussi de cibler les populations les plus vulnérables et de renforcer la transparence dans l’allocation des ressources12.
Renforcer la gouvernance et l’équité
Un financement efficace passe par une gouvernance renforcée : planification stratégique, suivi rigoureux des dépenses, lutte contre la fraude et implication des parties prenantes, notamment la société civile. L’objectif est de garantir que chaque dollar investi bénéficie réellement à la santé des populations, en particulier les plus vulnérables.
Coopération régionale et solidarité continentale
La coordination régionale est indispensable pour mutualiser les ressources, partager les bonnes pratiques et faire face aux crises sanitaires transfrontalières. Africa CDC, l’OMS et d’autres institutions jouent un rôle clé dans la définition de stratégies communes et le soutien technique aux pays membres12.
Accélérer vers la couverture sanitaire universelle
L’un des grands défis reste d’atteindre la couverture sanitaire universelle. Selon les projections, seulement 57 % de la population africaine pourraient accéder aux services de santé essentiels d’ici 2030 si les tendances actuelles se poursuivent4. Pour changer la donne, il faut accélérer les réformes, investir dans les soins primaires et garantir l’équité d’accès, notamment pour les femmes, les enfants et les populations rurales.
Conclusion
Le financement durable de la santé en Afrique est une condition sine qua non pour la résilience et l’équité sanitaire. En misant sur l’investissement national, l’innovation financière, la gouvernance et la coopération régionale, le continent peut bâtir des systèmes de santé capables de répondre aux défis du XXIe siècle. L’avenir de la santé africaine dépend désormais de la capacité collective à mobiliser les ressources et à placer la santé au cœur des priorités nationales et continentales.