Chapô
L’Éthiopie affiche une croissance économique prometteuse, mais doit encore relever d’importants défis structurels pour consolider son développement et assurer un avenir prospère à sa population.
Introduction
L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, connaît depuis plusieurs années une croissance économique soutenue, portée par des investissements massifs dans les infrastructures, l’agriculture et l’industrie manufacturière. Cette dynamique positive suscite l’espoir d’un décollage économique durable, mais elle ne doit pas faire oublier les nombreux obstacles qui subsistent sur la voie du développement.
Une croissance économique soutenue, moteur de transformation
L’économie éthiopienne affiche un taux de croissance annuel supérieur à 6 % depuis une décennie, l’un des plus élevés du continent africain. Cette performance s’explique en grande partie par les investissements publics dans les grands projets d’infrastructures, tels que la construction de barrages hydroélectriques, de routes, de voies ferrées et de parcs industriels. Le gouvernement éthiopien a également mis en place des politiques d’industrialisation ambitieuses, visant à attirer les investisseurs étrangers et à diversifier l’économie nationale.
Le secteur agricole, pilier traditionnel de l’économie, bénéficie de programmes de modernisation et d’irrigation, permettant d’améliorer la productivité et de renforcer la sécurité alimentaire. L’industrie manufacturière, quant à elle, connaît un essor remarquable, notamment dans le textile, la chaussure et l’agroalimentaire. Les exportations éthiopiennes progressent, grâce à la qualité de ses produits agricoles (café, fleurs coupées, légumes) et à la diversification de ses marchés.
Des défis structurels majeurs à surmonter
Malgré ces avancées, l’Éthiopie doit faire face à de nombreux défis structurels qui freinent son développement. La pauvreté reste endémique dans les zones rurales, où la majorité de la population vit encore de l’agriculture de subsistance. L’accès aux services de base, tels que l’éducation, la santé et l’eau potable, reste limité dans de nombreuses régions, en particulier dans les zones reculées.
Le chômage, notamment chez les jeunes, constitue un défi majeur. Chaque année, des centaines de milliers de jeunes diplômés entrent sur le marché du travail, mais les opportunités d’emploi formel restent insuffisantes. Cette situation alimente la frustration sociale et pousse de nombreux jeunes à envisager l’émigration.
La dette publique, qui a fortement augmenté ces dernières années, constitue une autre source de préoccupation. Le financement des grands projets d’infrastructures a entraîné une hausse significative de l’endettement du pays, exposant l’Éthiopie à des risques de crise financière. Les autorités doivent donc trouver un équilibre délicat entre la poursuite des investissements et la gestion prudente des finances publiques.
Un contexte politique et sécuritaire instable
L’Éthiopie traverse également une période de tensions politiques et sécuritaires, qui compliquent la mise en œuvre des réformes économiques. Le conflit dans la région du Tigré, bien qu’en voie de résolution, a laissé des traces profondes dans la société éthiopienne. Les violences intercommunautaires et les déplacements de population persistent dans plusieurs régions, menaçant la cohésion sociale et le développement économique.

Le gouvernement doit également faire face à des revendications croissantes en matière de démocratie, de droits humains et de justice sociale. Les mouvements de contestation, portés par la jeunesse et la société civile, réclament des réformes politiques plus ambitieuses et une meilleure répartition des richesses.
Des perspectives prometteuses, à condition de relever les défis
Malgré ces difficultés, l’Éthiopie dispose de nombreux atouts pour poursuivre sa trajectoire de croissance. Le pays bénéficie d’une population jeune et dynamique, d’un potentiel agricole et énergétique considérable, et d’une position géostratégique favorable au cœur de la Corne de l’Afrique. Les investissements étrangers continuent d’affluer, attirés par le potentiel du marché éthiopien et la volonté du gouvernement de moderniser l’économie.
La réussite du modèle éthiopien dépendra de la capacité des autorités à relever les défis structurels, à renforcer la stabilité politique et à garantir une répartition plus équitable des fruits de la croissance. L’implication de la société civile, des partenaires internationaux et du secteur privé sera essentielle pour construire un avenir prospère et inclusif pour tous les Éthiopiens.