Introduction
Le 6 mai 2025, Washington a été le théâtre d’une première rencontre très attendue entre Donald Trump, probable candidat républicain à la présidentielle américaine, et Mark Carney, actuel Premier ministre du Canada et ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre. Cette entrevue, jugée « courtoise mais tendue » par les observateurs, intervient dans un contexte de crispation commerciale croissante entre les deux voisins nord-américains. Les sujets abordés – commerce, énergie, climat, immigration – témoignent de l’importance stratégique de la relation États-Unis-Canada, à l’heure où la politique économique nord-américaine est en pleine recomposition.
Un contexte de tensions renouvelées
Retour de Trump sur la scène politique
Depuis l’annonce de sa candidature à la présidentielle de 2024, Donald Trump a multiplié les critiques contre les accords commerciaux jugés « défavorables » aux intérêts américains. Il a notamment ciblé l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), successeur de l’ALENA, accusant Ottawa de pratiques déloyales dans les secteurs du bois d’œuvre, de l’automobile et de l’agriculture.
Le Canada sous la houlette de Mark Carney
Mark Carney, figure respectée de la finance internationale, a été élu Premier ministre du Canada en 2024. Il incarne une approche technocratique et multilatérale, misant sur la stabilité macroéconomique, la transition énergétique et la défense du libre-échange. Son style tranche avec celui de Trump, plus direct et protectionniste.

Les sujets de discorde
Commerce et protectionnisme
La question du bois d’œuvre reste un point de friction majeur. Les États-Unis continuent d’imposer des droits compensateurs sur les importations canadiennes, au grand dam d’Ottawa. Trump a menacé d’augmenter les tarifs douaniers si le Canada ne consent pas à de nouvelles concessions. Mark Carney a réaffirmé l’attachement du Canada à un commerce « juste et fondé sur des règles », tout en se disant prêt à défendre les intérêts nationaux.
Énergie et climat
Le dossier énergétique est également sensible. Trump souhaite relancer la production pétrolière et gazière américaine, réduire les importations et remettre en cause certains engagements climatiques. Carney, au contraire, mise sur la coopération en matière de transition énergétique et sur le développement des énergies renouvelables. Les pipelines transfrontaliers, la tarification du carbone et les normes environnementales font l’objet de débats intenses.
Immigration et mobilité de la main-d’œuvre
La gestion des flux migratoires et la mobilité des travailleurs qualifiés sont également à l’ordre du jour. Trump prône un durcissement des contrôles, tandis que Carney défend une politique d’immigration ouverte, essentielle à la croissance canadienne.
Les enjeux pour l’économie nord-américaine
L’ACEUM à l’épreuve
L’Accord Canada–États-Unis–Mexique, renégocié sous la première présidence Trump, est aujourd’hui remis en question. Les différends persistants sur les règles d’origine, les quotas agricoles et les normes sanitaires pourraient fragiliser l’intégration économique nord-américaine.
Chaînes d’approvisionnement et relocalisation
La pandémie de Covid-19 et les tensions géopolitiques ont mis en lumière la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement. Trump milite pour une relocalisation massive de la production industrielle, tandis que Carney plaide pour une diversification des partenaires commerciaux et une montée en gamme technologique.

Compétitivité face à la Chine
Les deux dirigeants s’accordent sur la nécessité de renforcer la compétitivité nord-américaine face à la Chine, mais divergent sur les moyens d’y parvenir. Trump privilégie le protectionnisme, Carney l’innovation et la coopération.
Perspectives et scénarios
Vers une nouvelle guerre commerciale ?
Si Trump devait remporter la présidentielle, une escalade des tensions commerciales avec le Canada n’est pas à exclure. Ottawa se prépare à défendre ses intérêts devant les instances de règlement des différends et à renforcer ses alliances avec l’Union européenne et l’Asie.
Opportunités de coopération
Malgré les divergences, des marges de coopération subsistent, notamment dans la lutte contre le changement climatique, la sécurité énergétique et la gestion des frontières. La capacité des deux dirigeants à trouver des compromis sera déterminante pour la stabilité de la région.
Conclusion
La rencontre Trump-Carney illustre les tensions et les enjeux d’une relation États-Unis-Canada en pleine recomposition. Au-delà des divergences, l’avenir de l’économie nord-américaine dépendra de la capacité des deux pays à concilier intérêts nationaux et coopération régionale, dans un contexte mondial de plus en plus incertain.