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Espagne – Naufrage d’une embarcation de migrants aux Canaries : six morts, un drame qui relance le débat sur la politique migratoire européenne

par Africanova
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Un nouveau drame en Méditerranée occidentale

Le 29 mai 2025, une nouvelle tragédie a frappé les côtes espagnoles : une embarcation de migrants a chaviré dans le port d’Arguineguín, sur l’île de Grande Canarie. Le bilan officiel fait état de six morts, dont quatre femmes et deux mineures, l’une âgée de 16 ans et l’autre de cinq ans. Ce naufrage, qui intervient alors que la route des Canaries connaît une recrudescence des départs depuis l’Afrique de l’Ouest, relance le débat sur la politique migratoire de l’Union européenne et la gestion des flux migratoires en Méditerranée occidentale.

Les faits : une traversée mortelle, des secours mobilisés

Selon les services de secours espagnols, l’embarcation transportait une trentaine de personnes, principalement originaires du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Mali. Partie des côtes du Sahara occidental, la pirogue a été repérée à l’approche du port d’Arguineguín, dans la nuit du 28 au 29 mai, alors qu’elle était en difficulté à cause de la houle et d’un moteur défaillant. Les garde-côtes espagnols sont intervenus en urgence, mais l’embarcation a chaviré à quelques centaines de mètres du rivage.

Les sauveteurs ont pu repêcher vivants la majorité des passagers, dont plusieurs enfants en état d’hypothermie. Six corps sans vie ont été retrouvés dans la coque retournée ou sur la plage. Les rescapés ont été pris en charge par la Croix-Rouge et transférés dans un centre d’accueil temporaire.

Le contexte : la route des Canaries, un couloir migratoire de plus en plus fréquenté

Depuis 2020, la route des Canaries est redevenue l’une des principales voies d’accès à l’Europe pour les migrants d’Afrique de l’Ouest. Fuyant la pauvreté, les conflits, l’instabilité politique ou les conséquences du changement climatique, des milliers de personnes tentent chaque année la traversée, au péril de leur vie. Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, plus de 18 000 migrants ont débarqué sur les îles Canaries depuis le début de l’année 2025, un chiffre en hausse de 30 % par rapport à 2024.

La traversée, longue de plus de 1 500 kilomètres, est particulièrement dangereuse : les embarcations de fortune, souvent surchargées, sont mal équipées et les passeurs n’hésitent pas à prendre tous les risques pour éviter les contrôles. Les ONG estiment que plusieurs centaines de personnes ont disparu en mer depuis le début de l’année, sans que leur sort ne soit jamais élucidé.

Les causes profondes : pauvreté, instabilité et réseaux criminels

Les migrants qui empruntent la route des Canaries viennent majoritairement du Sénégal, de la Gambie, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Nigeria ou encore du Maroc. Ils fuient des situations de précarité extrême, des conflits armés, des persécutions ou des catastrophes naturelles. La crise économique, aggravée par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, a accentué les départs, notamment chez les jeunes sans perspectives d’avenir.

Les réseaux de passeurs, souvent liés à la criminalité organisée, exploitent la détresse des candidats à l’exil. Ils exigent des sommes importantes pour une traversée aléatoire, n’hésitant pas à abandonner les migrants en pleine mer ou à les menacer de violences en cas de refus de paiement.

Les conséquences humaines : familles brisées, enfants disparus

Le naufrage du 29 mai a brisé plusieurs familles : parmi les victimes, deux mineures, dont une fillette de cinq ans, ont été identifiées par les survivants. Les témoignages recueillis par la presse espagnole sont bouleversants : « Nous avons tout risqué pour un avenir meilleur, mais la mer a tout emporté », confie un rescapé ivoirien. Les familles restées au pays vivent dans l’angoisse, sans nouvelles de leurs proches disparus.

Les enfants, particulièrement vulnérables, sont les premières victimes de ces traversées : malnutrition, traumatismes, exploitation, disparition. Les ONG appellent à une mobilisation internationale pour protéger les mineurs migrants et garantir leur accès à l’éducation, à la santé et à un hébergement digne.

Les réactions : indignation, solidarité et appels à l’action

La tragédie d’Arguineguín a suscité une vague d’indignation en Espagne et dans toute l’Europe. Le gouvernement espagnol a exprimé sa « profonde tristesse » et promis de renforcer les moyens de secours en mer. Les associations humanitaires, comme la Croix-Rouge, Médecins sans frontières ou Caminando Fronteras, dénoncent l’inaction de l’Union européenne et réclament l’ouverture de voies légales et sûres pour les migrants.

Le pape François, très engagé sur la question migratoire, a appelé à « une Europe solidaire, qui n’abandonne pas les naufragés de la Méditerranée ». Plusieurs élus locaux ont organisé des veillées en hommage aux victimes et lancé des collectes de fonds pour soutenir les rescapés.

Le débat sur la politique migratoire européenne

Le naufrage relance le débat sur la politique migratoire de l’UE. Les ONG et les défenseurs des droits humains dénoncent la fermeture progressive des frontières, la sous-traitance du contrôle migratoire à des pays tiers (Maroc, Mauritanie, Sénégal) et l’absence de solidarité entre États membres. L’Espagne, en première ligne, réclame une réforme du pacte européen sur la migration et l’asile, avec une répartition plus équitable des demandeurs d’asile et un renforcement des moyens de sauvetage en mer.

Les partis d’extrême droite, en Espagne comme ailleurs, exploitent ces drames pour réclamer une politique de « fermeté » et la construction de nouveaux murs. Les gouvernements, pris entre l’émotion suscitée par les naufrages et la pression de l’opinion publique, peinent à trouver un équilibre entre humanité et contrôle des frontières.

Les perspectives : quelles solutions pour éviter de nouveaux drames ?

Les experts s’accordent sur la nécessité d’une approche globale : développement économique des pays d’origine, lutte contre les réseaux de passeurs, ouverture de voies légales de migration, renforcement des moyens de secours, protection des mineurs. L’Union européenne est appelée à investir dans la coopération avec l’Afrique, à soutenir les programmes de retour volontaire et à garantir le respect des droits fondamentaux de tous les migrants.

La société civile, les collectivités locales et les citoyens jouent un rôle crucial : accueil, accompagnement, intégration, sensibilisation. Les initiatives locales, comme les centres d’accueil de Las Palmas ou les programmes d’insertion professionnelle, montrent qu’une autre politique migratoire est possible.

Conclusion : la Méditerranée, frontière de l’espoir et du désespoir

Le naufrage d’Arguineguín est un nouveau rappel de la tragédie humaine qui se joue chaque jour aux portes de l’Europe. Derrière les chiffres, ce sont des vies brisées, des familles endeuillées, des enfants disparus. Face à l’urgence, l’Europe doit choisir : fermer les yeux ou ouvrir les bras, céder à la peur ou miser sur la solidarité. L’avenir de la Méditerranée, frontière de l’espoir et du désespoir, dépendra de la capacité des sociétés à inventer des réponses humaines, justes et durables.

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