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DOSSIER EXPLORA 2025 : L’ÉTHIOPIE, UNE ÉCONOMIE EN PLEINE TRANSFORMATION

par Africanova
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Introduction : l’Éthiopie, géant économique de l’Afrique de l’Est

L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 126 millions d’habitants, s’impose comme l’un des moteurs économiques du continent et de la région est-africaine. Malgré des crises multiples – pandémie, conflit du Tigré, sécheresses, inflation –, le pays affiche une résilience remarquable et une capacité à rebondir, portée par des réformes ambitieuses, des investissements massifs et une volonté politique affirmée. En 2025, l’Éthiopie renoue avec la croissance, consolide ses fondamentaux macroéconomiques et s’engage dans une trajectoire de transformation structurelle, tout en restant confrontée à des défis de taille : pauvreté, dette, chômage, dépendance agricole et vulnérabilité climatique.

1. PERFORMANCES ÉCONOMIQUES : UNE CROISSANCE ROBUSTE ET DIVERSIFIÉE

Croissance du PIB et dynamique sectorielle

L’économie éthiopienne a enregistré une croissance du PIB réel de 8,1 % en 2024, soutenue par la vitalité de l’industrie (+9,2 %), des services (+7,7 %) et de l’agriculture (+7 %). Pour 2025, les projections oscillent entre 6,4 % (UNDP) et 8,9 % (gouvernement éthiopien), selon les méthodes de calcul et le calendrier budgétaire. Cette performance place l’Éthiopie parmi les économies les plus dynamiques d’Afrique, malgré un contexte international et régional difficile.

Le secteur industriel, dopé par l’ouverture de nouvelles usines et l’expansion des parcs industriels, représente désormais une part croissante du PIB. L’agriculture, bien qu’encore dominante (70 % de la main-d’œuvre), se modernise grâce à l’irrigation, l’utilisation d’engrais et la transformation agroalimentaire. Les services, notamment le transport, la logistique et la finance, bénéficient de l’urbanisation rapide et de l’essor du numérique.

Exportations, balance des paiements et investissements

Les exportations éthiopiennes ont connu une progression spectaculaire, portées par l’or et le café. Sur la période juillet-décembre 2024, les revenus issus de ces deux produits ont atteint 2,3 milliards de dollars, avec une hausse de 104 % des exportations de biens, soutenue par une multiplication par six des exportations d’or et une augmentation de 60 % des exportations de café1. Les transferts de fonds des migrants (remittances) ont augmenté de 13 %, tandis que l’investissement direct étranger (IDE) repart à la hausse, attiré par les réformes et les opportunités du marché intérieur15.

La balance des paiements s’est nettement améliorée, avec un excédent global de 1,7 milliard de dollars sur la période juillet-décembre 2024. Le déficit courant a été ramené à 1,3 milliard de dollars, contre 3,8 milliards un an plus tôt, et devrait représenter 3 % du PIB en 2025, contre 4,4 % en 20241. Les réserves de change ont plus que doublé, atteignant 3,4 milliards de dollars début 2025, soit 1,6 mois d’importations1.

Stabilisation macroéconomique et réformes structurelles

L’Éthiopie a engagé un vaste programme de stabilisation macroéconomique, soutenu par le FMI (accord de crédit élargi de 3,4 milliards de dollars, dont 2,3 milliards déjà décaissés en mars 2025) et la Banque mondiale (1,5 milliard de dollars sur 3,5 milliards engagés). Une restructuration de la dette (3,5 milliards de dollars) est en cours, avec des discussions actives avec les créanciers.

Les réformes structurelles portent sur la libéralisation des secteurs bancaire et des télécommunications, la privatisation partielle d’Ethio Telecom, l’ouverture aux investisseurs étrangers et la modernisation des institutions financières. La Bourse d’Addis-Abeba, fermée pendant plusieurs années, a rouvert ses portes en 2025, offrant de nouvelles opportunités de financement aux entreprises5.

2. PROJETS STRUCTURANTS ET INFRASTRUCTURES : LES LEVIERS DE LA CROISSANCE

Infrastructures de transport et d’énergie

L’Éthiopie a investi massivement dans les infrastructures, avec des projets phares comme le Grand Barrage Éthiopien de la Renaissance (GERD), qui deviendra la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique et fournira une énergie propre et abondante au pays et à la région. Le chemin de fer Addis-Abeba–Djibouti, les autoroutes modernes et l’extension des aéroports (notamment via Ethiopian Airlines, le plus grand transporteur aérien d’Afrique) ont transformé la connectivité du pays et facilité les échanges commerciaux.

Parcs industriels et transformation économique

Le gouvernement a lancé la création de dizaines de parcs industriels, attirant des investisseurs étrangers dans le textile, l’agroalimentaire, la chaussure et l’électronique. Ces parcs ont permis de créer des emplois, de diversifier l’économie et d’augmenter la valeur ajoutée des exportations5. L’objectif est de faire de l’Éthiopie un hub industriel régional, en capitalisant sur une main-d’œuvre jeune, compétitive et motivée.

Modernisation agricole et sécurité alimentaire

L’agriculture reste le pilier de l’économie éthiopienne, mais elle se modernise rapidement. Le pays est devenu le premier producteur de blé en Afrique, avec une production attendue de 300 millions de quintaux, et continue d’exporter massivement du café, du sésame et d’autres produits agricoles. Les investissements dans l’irrigation, les engrais et les techniques culturales ont permis d’augmenter les rendements et de réduire la vulnérabilité aux chocs climatiques.


3. RÉSILIENCE ÉCONOMIQUE : SURMONTER LES CRISES ET PRÉPARER L’AVENIR

Sortie de crise et stabilisation politique

Après deux années de conflit dans la région du Tigré, l’Éthiopie retrouve progressivement la stabilité politique et sociale. Les négociations de paix, la réintégration des régions touchées et la reconstruction (estimée à 20 milliards de dollars) sont des priorités du gouvernement. La communauté internationale, via l’ONU, l’Union africaine et les partenaires bilatéraux, accompagne ces efforts, tant sur le plan humanitaire qu’économique.

Gestion de la dette et équilibre budgétaire

La dette publique, qui avait atteint des niveaux insoutenables, fait l’objet d’une restructuration active. Le déficit budgétaire devrait se stabiliser autour de 2 % du PIB en 2025-2026, avec des dépenses totales de 1,9 trillion de birr (environ 14 milliards de dollars)4. Le gouvernement privilégie une gestion prudente des finances publiques, tout en maintenant un niveau élevé d’investissements dans les infrastructures et les services sociaux.

Lutte contre la pauvreté et inclusion sociale

Malgré la croissance économique, l’Éthiopie reste l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un revenu national brut par habitant de 1 020 dollars6. Le gouvernement a fait de la réduction de la pauvreté une priorité, en investissant dans l’éducation, la santé, l’accès à l’eau potable et la protection sociale. Entre 2004 et 2016, le taux de pauvreté est passé de 39 % à 24 %, mais il a augmenté entre 2016 et 2021, pour atteindre 32 %, en raison des crises successives6. Environ 15 millions de personnes dépendent encore de l’aide alimentaire.

Résilience face aux chocs externes

L’Éthiopie a démontré une capacité exceptionnelle à surmonter les crises : pandémie de COVID-19, conflit du Tigré, sécheresses, inflation galopante, crise ukrainienne. Cette résilience s’explique par la diversification de l’économie, la mobilisation des ressources internes et externes, et la volonté politique de réformer en profondeur le modèle de développement

4. DÉFIS ET PERSPECTIVES : VERS UNE ÉCONOMIE PLUS INCLUSIVE ET DURABLE

Défis structurels et vulnérabilités

L’Éthiopie doit faire face à plusieurs défis majeurs :

  • Pauvreté et inégalités : malgré la croissance, une large partie de la population vit encore dans la pauvreté, avec un accès limité aux services de base.
  • Chômage des jeunes : chaque année, près de deux millions de jeunes arrivent sur le marché du travail, alors que l’économie peine à créer suffisamment d’emplois qualifiés6.
  • Dépendance agricole : 70 % de la main-d’œuvre dépend encore de l’agriculture, un secteur vulnérable aux chocs climatiques et aux fluctuations des prix mondiaux6.
  • Dette et vulnérabilité financière : la dette publique reste élevée, malgré la restructuration en cours, et le pays reste exposé aux chocs externes.
  • Inflation et stabilité des prix : l’inflation, bien qu’en baisse, reste à deux chiffres (21,5 % prévus en 2025 selon le FMI), affectant le pouvoir d’achat des ménages26.

Perspectives de développement et ambitions économiques

L’Éthiopie vise à atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire inférieur d’ici 2025, grâce à une croissance soutenue, une diversification économique accrue et une meilleure intégration dans les chaînes de valeur mondiales65. Le pays mise sur l’industrialisation, la transformation numérique, l’innovation et l’entrepreneuriat pour créer des emplois et réduire la pauvreté.

Intégration régionale et internationale

L’Éthiopie renforce sa position de leader économique en Afrique de l’Est, avec un PIB de près de 121 milliards de dollars en 2025, devant le Kenya (117 milliards)7. Le pays joue un rôle clé dans l’intégration régionale, via la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) et les corridors de transport et d’énergie. Ethiopian Airlines, fleuron national, relie l’Afrique au reste du monde et contribue au développement du tourisme et des échanges commerciaux5.

Transition verte et développement durable

L’Éthiopie s’engage résolument dans la transition énergétique, avec le GERD et d’autres projets hydroélectriques, éoliens et solaires. Le pays vise à devenir un exportateur net d’énergie propre, tout en réduisant sa dépendance aux énergies fossiles. La gestion durable des ressources naturelles, la lutte contre la déforestation et l’adaptation au changement climatique sont des priorités du gouvernement.

5. CONCLUSION : L’ÉTHIOPIE, UN MODÈLE DE RÉSILIENCE ET D’AMBITION

Résilience, réformes et ambition

L’Éthiopie incarne la capacité d’un pays africain à surmonter les crises, à engager des réformes ambitieuses et à bâtir une économie dynamiue et inclusive. Malgré les défis, le pays affiche une croissance robuste, une diversification sectorielle prometteuse et une volonté politique affirmée de transformer son modèle de développement.

Vers un avenir prospère et durable

En 2025, l’Éthiopie se positionne comme un acteur clé de l’économie africaine, avec des projets structurants, une intégration régionale renforcée et une ambition de devenir un hub industriel et énergétique. La réussite de cette trajectoire dépendra de la capacité du pays à réduire la pauvreté, à créer des emplois, à maîtriser la dette et à poursuivre les réformes structurelles. L’Éthiopie montre ainsi la voie d’un développement résilient, durable et inclusif, au service de sa population et de l’ensemble du continent africain.

Fiche FOET OREGON – Éthiopie (2025)

Analyse économique complète et évaluation des risques investisseurs

1. Présentation générale

  • Pays : Éthiopie
  • Capitale : Addis-Abeba
  • Population : 126 millions (2025)
  • Superficie : 1 104 300 km²
  • Monnaie : Birr éthiopien (ETB)
  • PIB (2025) : 121 milliards USD
  • Croissance du PIB : +6,4 % (prévision 2025)
  • PIB par habitant : ~960 USD
  • Statut : Pays à faible revenu, en voie d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire inférieur

2. Structure économique et secteurs clés

  • Agriculture : 70 % de la main-d’œuvre, 1er producteur africain de blé, exportations de café et d’or en forte hausse
  • Industrie : Parcs industriels, textile, agroalimentaire, expansion rapide
  • Services : Transport (Ethiopian Airlines), logistique, finance en croissance

3. Indicateurs économiques récents

  • Exportations : Café, or, sésame, horticulture
  • Réserves de change : 3,4 milliards USD (1,6 mois d’importations)
  • Balance des paiements : Excédent de 1,7 milliard USD (juil.-déc. 2024)
  • Dette publique : Restructuration en cours, soutien du FMI et de la Banque mondiale
  • Inflation : 21-25 % en 2025, en baisse mais toujours élevée

4. Infrastructures et projets structurants

  • Grand Barrage Éthiopien de la Renaissance (GERD) : Plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique
  • Chemin de fer Addis-Abeba–Djibouti : Amélioration de la connectivité régionale
  • Parcs industriels : Création d’emplois et diversification économique
  • Bourse d’Addis-Abeba : Réouverture en 2025, attractivité accrue pour les investisseurs

5. Points forts économiques

  • Croissance robuste : Taux de croissance parmi les plus élevés d’Afrique
  • Réformes ambitieuses : Libéralisation bancaire, privatisation partielle, ouverture aux investisseurs étrangers
  • Infrastructures modernes : GERD, chemin de fer, parcs industriels
  • Exportations dynamiques : Café, or, sésame, horticulture
  • Résilience économique : Capacité à rebondir après crises (pandémie, conflit du Tigré)

6. Points faibles et vulnérabilités

  • Pauvreté : 32 % de la population sous le seuil de pauvreté
  • Chômage : Forte pression démographique, emplois insuffisants pour la jeunesse
  • Vulnérabilité agricole : Sécheresses, conflits, dépendance à l’agriculture pluviale
  • Dette : Service de la dette élevé, vulnérabilité aux chocs externes
  • Inflation : Encore à deux chiffres, pression sur le pouvoir d’achat

7. Perspectives et ambitions

  • Industrialisation : Développement des parcs industriels, intégration dans les chaînes de valeur mondiales
  • Transition énergétique : Développement des énergies renouvelables (hydro, solaire, éolien)
  • Intégration régionale : Leadership en Afrique de l’Est, participation à la ZLECA
  • Stabilité politique : Sortie progressive de la crise du Tigré, efforts de réconciliation

8. Évaluation des risques investisseurs

  • Risque politique : Moyen à élevé
  • Sortie progressive de la crise du Tigré, mais tensions régionales persistantes
  • Risques de troubles sociaux liés à la pauvreté et au chômage des jeunes
  • Risque économique : Modéré
  • Croissance robuste, mais vulnérabilité à la dette et à l’inflation
  • Dépendance aux importations de certains produits de base et à l’aide internationale
  • Risque réglementaire : Modéré
  • Réformes en cours, mais cadre légal et administratif parfois complexe pour les investisseurs étrangers
  • Risque de change : Élevé
  • Monnaie locale volatile, inflation élevée, réserves de change limitées
  • Risque opérationnel : Modéré
  • Infrastructures en amélioration, mais logistique parfois difficile dans les zones rurales

9. Note globale sur l’économie

Note globale : 7,2/10
Croissance dynamique, réformes ambitieuses, infrastructures modernes, mais pauvreté persistante, chômage élevé, inflation et vulnérabilité à la dette.

10. Résumé synthétique

L’Éthiopie affiche une croissance robuste, une diversification économique et une résilience remarquable face aux crises. Les réformes, les investissements dans les infrastructures et l’industrialisation, ainsi que la diversification des exportations, positionnent le pays comme un acteur clé de l’économie africaine. Toutefois, des défis structurels importants demeurent : pauvreté, chômage, inflation, vulnérabilité à la dette et risques politiques.
Pour les investisseurs, le pays offre des opportunités dans l’industrie, l’agroalimentaire, l’énergie et les services, mais il convient de prendre en compte les risques politiques, économiques et de change.

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