Dossier  Africanova Perspectives – Élection présidentielle ,Cameroun 2025 : Paul Biya candidat à sa propre succession, le RDPC en ordre de bataille face à une élection sous haute tension

Introduction

L’élection présidentielle camerounaise prévue en octobre 2025 s’annonce comme un moment politique crucial, placé sous le signe de la tension et de l’incertitude. Paul Biya, président en exercice depuis 1982, est pressenti pour briguer un nouveau mandat, malgré son âge avancé (92 ans) et les critiques croissantes sur sa longévité au pouvoir. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir depuis l’indépendance, se prépare activement à cette échéance, tandis que l’opposition, fragmentée mais déterminée, tente de se positionner face à un système politique marqué par un contrôle étroit des institutions. Ce dossier analyse les principaux enjeux de cette élection, la stratégie du RDPC, les perspectives de l’opposition, ainsi que les risques de troubles dans un contexte de forte polarisation.

I. Paul Biya : une candidature attendue mais controversée

Paul Biya, âgé de 92 ans, est l’un des chefs d’État les plus anciens au monde. Depuis près de 43 ans, il domine la scène politique camerounaise, ayant été réélu à plusieurs reprises dans des scrutins souvent contestés. À la date du 2 mai 2025, il n’a pas officiellement annoncé sa candidature, mais le président de l’Assemblée nationale a confirmé qu’il sera le candidat du RDPC.

Cette candidature suscite des débats intenses. Ses partisans mettent en avant son expérience et son rôle de garant de la stabilité nationale. Ils soulignent que la Constitution camerounaise ne fixe pas de limite d’âge ni de nombre de mandats, légitimant sa participation. En revanche, ses détracteurs dénoncent un système politique verrouillé, une absence de renouvellement démocratique et une gouvernance marquée par des dérives autoritaires.

Le contexte socio-économique est également un facteur de contestation : chômage élevé, pauvreté, crise sécuritaire dans les régions anglophones et tensions ethniques alimentent un mécontentement croissant, surtout chez les jeunes.

II. Le RDPC en ordre de bataille : stratégie et mobilisation

Le RDPC, parti historique au pouvoir, a célébré en mars 2025 ses 40 ans d’existence, marquant cet anniversaire par une série de meetings et d’appels à soutenir Paul Biya. Le secrétaire général Jean Nkuete a dénoncé les « discours haineux » de l’opposition et confirmé la volonté du parti de contrer les candidatures de figures comme Maurice Kamto et Cabral Libii.

Le RDPC mise sur une campagne de terrain intense, avec une mobilisation des militants, des financements importants et un contrôle renforcé des institutions clés : commission électorale, justice, médias publics. Le parti entend ainsi assurer une victoire nette et éviter toute contestation post-électorale.

Cette stratégie s’accompagne d’une répression ciblée contre l’opposition, avec des arrestations de militants, des interdictions de manifestations et une surveillance accrue des activités politiques. Le régime cherche à maintenir une mainmise ferme sur le processus électoral.

III. L’opposition : fragmentation et défis

L’opposition camerounaise est marquée par une pluralité de partis et de leaders, souvent en désaccord. Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), reste la figure emblématique de la contestation, malgré des obstacles juridiques et politiques à sa candidature. Le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) avec Cabral Libii, ainsi que des personnalités émergentes comme Samuel Eto’o, Emmanuel Franck Biya ou Éric Essono Tsimi, cherchent à capter l’électorat.

Cependant, l’opposition fait face à des difficultés majeures : absence de représentation institutionnelle forte, répression, manque de ressources et divisions internes. Le climat politique tendu décourage parfois la participation, et certains appellent au boycott du scrutin, ce qui pourrait fragiliser la légitimité du vote.

IV. Un climat sous haute tension : risques de troubles

La campagne électorale s’inscrit dans un contexte de tensions sécuritaires accrues, notamment dans les régions anglophones où un conflit armé oppose les forces gouvernementales à des groupes séparatistes. Ces violences, associées à des tensions intercommunautaires, risquent de perturber le déroulement du scrutin.

Les autorités ont renforcé la présence militaire et policière, mais la répression risque d’alimenter la colère populaire. Des manifestations et des affrontements sont redoutés, notamment dans les grandes villes comme Douala et Yaoundé.

Le risque d’une crise post-électorale est réel, surtout si les résultats sont contestés ou perçus comme frauduleux. La stabilité du pays dépendra de la capacité des acteurs à gérer pacifiquement les tensions.

V. Perspectives et enjeux pour l’avenir du Cameroun

L’élection présidentielle de 2025 est un test majeur pour la démocratie camerounaise. Une victoire de Paul Biya prolongerait un régime autoritaire, avec peu de perspectives de changement. Une alternance, bien que difficile à envisager dans le contexte actuel, pourrait ouvrir la voie à des réformes.

La communauté internationale suit de près cette élection, appelant à un scrutin transparent et inclusif. Le dialogue politique et la réconciliation nationale sont indispensables pour apaiser les tensions et garantir la paix.

Conclusion

L’élection présidentielle camerounaise de 2025 se déroule dans un climat tendu, entre une candidature probable de Paul Biya, un RDPC mobilisé et une opposition fragmentée mais déterminée. Les risques de troubles sont élevés, et l’enjeu est crucial pour l’avenir politique, social et sécuritaire du pays. La transparence du processus et la gestion pacifique des tensions seront déterminantes pour la stabilité du Cameroun.

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