Une affaire vieille de plus de 38 ans relancée
La disparition de Marie-Thérèse Bonfanti, survenue en 1986 à Pontcharra (Isère), revient sur le devant de la scène judiciaire française. Près de quatre décennies après les faits, la Cour de cassation a été saisie d’un pourvoi portant sur la prescription, une décision qui pourrait faire jurisprudence et bouleverser le traitement des cold cases dans l’Hexagone1. Cette affaire, emblématique des dossiers non résolus, cristallise les attentes des familles de victimes et interroge la capacité de la justice à répondre à la soif de vérité, même des décennies après la disparition d’un proche.
Les faits et les rebondissements de l’enquête
Marie-Thérèse Bonfanti, jeune mère de famille, disparaît mystérieusement alors qu’elle distribue des journaux dans la petite commune de Pontcharra. Malgré de nombreuses recherches et l’ouverture d’une enquête pour enlèvement et séquestration, le dossier piétine. Les années passent, la famille ne perd pas espoir, et l’affaire reste présente dans la mémoire collective locale. En 2022, un rebondissement survient : un homme avoue le meurtre et conduit les enquêteurs sur les lieux où il aurait dissimulé le corps. Des fouilles sont menées, des ossements sont retrouvés et identifiés comme appartenant à la victime.
Le débat sur la prescription et l’enjeu judiciaire
Mais la question de la prescription refait surface. L’auteur présumé, âgé aujourd’hui de plus de 60 ans, conteste la validité des poursuites, arguant que le délai légal est largement dépassé. Les avocats de la famille, eux, soulignent que les aveux et la découverte du corps constituent des éléments nouveaux qui justifient la poursuite de la procédure. La Cour de cassation, saisie pour trancher ce débat, doit rendre une décision qui pourrait avoir des conséquences directes sur de nombreux autres cold cases français où le délai de prescription a expiré1.
Un enjeu pour toutes les familles de disparus
Pour les familles de disparus, ce dossier est porteur d’espoir. Il pose la question du droit à la vérité et du devoir de mémoire. Les associations de familles de victimes plaident pour une réforme des délais de prescription dans les affaires de disparitions et d’homicides non élucidés, estimant que le progrès des sciences forensiques et la mobilisation citoyenne rendent possible la résolution de dossiers restés trop longtemps dans l’ombre.
La justice face à la mémoire et à la technologie
L’affaire Bonfanti illustre aussi l’évolution des méthodes d’enquête : analyses ADN, reconstitution des faits, recueil de témoignages anciens. La justice française doit composer avec la mémoire défaillante des témoins, la disparition de preuves matérielles, mais aussi avec l’espoir suscité par chaque avancée technologique. La société attend de la justice qu’elle ne renonce jamais à rechercher la vérité, même lorsque le temps semble avoir effacé les traces.
Conclusion : un dossier emblématique pour les cold cases
En conclusion, la décision de la Cour de cassation dans l’affaire Marie-Thérèse Bonfanti sera scrutée de près par les familles, les avocats et les magistrats. Elle pourrait ouvrir la voie à une nouvelle approche des cold cases en France, où la quête de justice ne s’arrête pas au fil des années. Pour la société, il s’agit d’une question de confiance dans l’institution judiciaire et de respect de la mémoire des disparus.