Une vague d’expulsions qui bouleverse l’Asie et le monde
Depuis deux mois, le Pakistan a lancé une vaste campagne d’expulsions visant les migrants afghans présents sur son territoire. Selon les autorités pakistanaises, plus de 200 000 Afghans auraient déjà quitté le pays, souvent dans la précipitation et la peur, tandis que des dizaines de milliers d’autres sont en attente d’expulsion. Cette crise migratoire, qui s’ajoute à la situation déjà dramatique en Afghanistan après le retour au pouvoir des talibans, a des répercussions bien au-delà de la région : l’Afrique, traditionnellement terre d’accueil mais aussi de transit, se retrouve de plus en plus concernée par ces flux humains.
Les raisons de l’expulsion des Afghans par le Pakistan
Le gouvernement pakistanais justifie ces expulsions par la nécessité de « protéger la sécurité nationale » et de lutter contre l’immigration illégale. Depuis la reprise du pouvoir par les talibans à Kaboul, les tensions se sont accrues entre Islamabad et Kaboul, sur fond d’attentats, de trafics et de rivalités politiques. Les autorités pakistanaises accusent certains réfugiés afghans d’être impliqués dans des activités criminelles ou terroristes, tout en reconnaissant que la majorité sont des civils fuyant la guerre et la misère.
Un drame humanitaire aux portes de l’Afrique
Pour les migrants afghans, l’expulsion est souvent synonyme de retour à l’insécurité, à la pauvreté et à la persécution. Beaucoup cherchent alors à gagner d’autres pays, parfois en passant par l’Iran, la Turquie, puis la Méditerranée, dans l’espoir d’atteindre l’Europe ou l’Afrique du Nord. Certains réseaux de passeurs proposent désormais des itinéraires vers la Libye, l’Algérie ou le Maroc, faisant de l’Afrique une nouvelle étape sur la route de l’exil.
L’Afrique, terre d’accueil ou de transit ?
Traditionnellement, l’Afrique a été une terre d’accueil pour de nombreux réfugiés, qu’ils viennent d’Afrique ou d’ailleurs. Plusieurs pays, comme l’Ouganda, le Kenya ou l’Éthiopie, accueillent depuis des décennies des populations déplacées par les conflits. Mais face à l’augmentation des flux, à la saturation des camps et à la pression sur les ressources, la question se pose : l’Afrique peut-elle continuer à jouer ce rôle ? Ou va-t-elle devenir, à son tour, un simple territoire de transit vers l’Europe ?
Les défis pour les pays africains
L’arrivée de migrants afghans en Afrique pose de nombreux défis : gestion des frontières, accueil humanitaire, intégration, sécurité. Les autorités africaines doivent composer avec des ressources limitées, des tensions locales et des exigences internationales. Les ONG alertent sur le risque de voir ces nouveaux arrivants s’ajouter aux millions de déplacés internes et de réfugiés déjà présents sur le continent, aggravant les crises existantes.
La solidarité africaine à l’épreuve
Face à cette situation, plusieurs pays africains ont réaffirmé leur engagement en faveur de l’accueil des réfugiés, dans le respect des conventions internationales. Des initiatives locales, portées par des associations, des églises ou des communautés, témoignent d’une solidarité concrète. Mais la fatigue de l’aide humanitaire, la montée des discours xénophobes et la concurrence pour les ressources menacent cet esprit d’ouverture.
Les enjeux pour la sécurité et la stabilité régionales
L’arrivée de migrants venus d’Afghanistan soulève aussi des questions de sécurité : risque d’infiltration de groupes extrémistes, tensions avec les populations locales, exploitation par les réseaux criminels. Les autorités africaines, en lien avec les partenaires internationaux, renforcent les contrôles aux frontières et les dispositifs de surveillance. Mais elles insistent sur la nécessité de distinguer entre réfugiés en quête de protection et individus à risque.
L’Afrique, actrice des solutions migratoires ?
Plusieurs voix africaines appellent à une approche globale et solidaire de la question migratoire. Il s’agit de renforcer la coopération régionale, de promouvoir l’intégration des réfugiés, d’investir dans le développement local et de lutter contre les causes profondes des migrations forcées. L’Union africaine, qui a fait de la libre circulation des personnes un objectif majeur, est appelée à jouer un rôle moteur dans la gestion des crises migratoires.
Conclusion : un défi pour la renaissance africaine
L’expulsion massive des Afghans du Pakistan et leur arrivée possible en Afrique rappellent que la question migratoire est un enjeu mondial. Pour l’Afrique, il s’agit de défendre ses valeurs d’accueil, de solidarité et de dignité, tout en protégeant ses intérêts et sa stabilité. La renaissance africaine passe par la capacité à inventer des solutions africaines, à promouvoir l’inclusion et à peser dans les débats internationaux sur les migrations.
