Début des discussions pour un gouvernement d’union nationale, compromis en vue ?

Introduction

Le Tchad, pays charnière du Sahel, amorce une étape cruciale de sa transition politique. Le 2 juin 2025, le gouvernement de transition a officiellement ouvert des discussions avec l’ensemble des forces politiques et sociales du pays pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. Cette initiative, saluée par la communauté internationale, vise à sortir le pays d’une impasse institutionnelle qui dure depuis la mort du président Idriss Déby Itno en 2021. Mais la route vers le compromis s’annonce semée d’embûches, tant les fractures politiques, ethniques et militaires sont profondes.

Un pays en quête de stabilité

Depuis la disparition brutale d’Idriss Déby, le Tchad est dirigé par un Conseil militaire de transition (CMT), présidé par son fils Mahamat Idriss Déby. Malgré l’organisation d’un dialogue national inclusif en 2023, la transition politique reste fragile. Les tensions entre le pouvoir militaire, l’opposition civile, les groupes armés du nord et les représentants de la société civile n’ont jamais vraiment disparu. Plusieurs tentatives de réconciliation ont échoué, alimentant la défiance d’une partie de la population.

Les enjeux des discussions

L’ouverture des discussions pour un gouvernement d’union nationale répond à une double exigence : restaurer la confiance entre les différentes composantes de la nation tchadienne et rassurer les partenaires internationaux, qui conditionnent leur aide à des avancées démocratiques concrètes. Le gouvernement de transition a invité tous les partis politiques, les groupes armés signataires de l’accord de Doha, les chefs religieux et coutumiers, ainsi que les représentants de la jeunesse et des femmes, à participer à ces pourparlers.

Selon le porte-parole du gouvernement, « l’objectif est de parvenir à un accord sur la composition d’un gouvernement représentatif, capable de préparer des élections libres et transparentes dans les 18 prochains mois ».

Les obstacles au compromis

Malgré la volonté affichée de dialogue, les obstacles restent nombreux. L’opposition politique réclame un partage réel du pouvoir et des garanties sur la tenue des élections. Les groupes armés, pour leur part, exigent l’intégration de leurs combattants dans l’armée nationale et la reconnaissance de leur rôle dans la transition. La société civile, elle, insiste sur la nécessité de réformes profondes, notamment en matière de justice, de droits humains et de lutte contre la corruption.

Certains observateurs craignent que le pouvoir militaire ne cherche à conserver la mainmise sur les leviers de l’État, en cooptant des figures de l’opposition sans véritable ouverture démocratique. « Le risque d’un gouvernement de façade n’est pas à exclure », prévient un analyste du think tank International Crisis Group.

Pression internationale et attentes populaires

La communauté internationale, à commencer par l’Union africaine, la France et les États-Unis, suit de près l’évolution de la situation. Elle a salué l’ouverture des discussions, tout en rappelant l’importance du respect des droits fondamentaux et de la pluralité politique. L’Union africaine a dépêché un émissaire spécial pour accompagner le processus et éviter tout dérapage.

Du côté de la population, l’attente est immense. Les Tchadiens aspirent à la paix, à la sécurité et à l’amélioration de leurs conditions de vie. Les jeunes, en particulier, réclament des perspectives d’emploi et de participation à la vie publique. Les femmes, longtemps marginalisées, demandent une représentation accrue dans les instances de décision.

Un test pour la démocratie tchadienne

La réussite ou l’échec de ces discussions déterminera l’avenir du Tchad. Un compromis réel ouvrirait la voie à une transition apaisée et à la reconstruction de l’État. À l’inverse, un échec pourrait raviver les tensions, voire entraîner une reprise des hostilités armées. Les partenaires internationaux, tout en soutenant le processus, restent vigilants et prêts à sanctionner toute dérive autoritaire.

Conclusion

Le début des discussions pour un gouvernement d’union nationale au Tchad marque une étape décisive dans la transition politique du pays. Si la volonté de dialogue est réelle, la réussite du processus dépendra de la capacité des acteurs à surmonter leurs divisions et à privilégier l’intérêt général. Le Tchad, au cœur du Sahel, joue une partie essentielle pour sa stabilité et celle de la région.

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