Introduction
L’année 2025 marque un tournant pour l’Afrique, qui confirme sa place de région à la croissance la plus rapide après l’Asie. Selon la Banque africaine de développement, près de la moitié des pays africains devraient dépasser 5 % de croissance du PIB cette année, avec des champions comme le Sénégal, la Libye, le Niger, l’Ouganda et le Soudan en tête de liste45. Pourtant, derrière ces chiffres impressionnants, persistent des défis majeurs : inclusion sociale, financement du développement, vulnérabilité aux chocs mondiaux et nécessité de réformes structurelles. Analyse d’un rebond qui doit encore se transformer en développement durable et partagé.
Un rebond économique confirmé
Des taux de croissance supérieurs à la moyenne mondiale
En 2025, l’Afrique devrait enregistrer une croissance moyenne de 4,1 %, dépassant largement la moyenne mondiale attendue à 3,2 %458. Six des dix économies les plus dynamiques du monde sont africaines, et douze des vingt premières. Cette performance s’explique par la reprise de la consommation privée, le retour des investissements directs étrangers, la baisse de l’inflation et la consolidation des finances publiques dans de nombreux pays.
Les moteurs sectoriels du rebond
La croissance est portée par la diversification sectorielle : énergie (hydrocarbures, renouvelables), agro-industrie, télécommunications, services financiers et logistique. Les investissements dans les infrastructures, la modernisation des ports et corridors régionaux, et l’essor du commerce intra-africain jouent un rôle central.
Les limites du rebond : inclusion et pauvreté
Une croissance insuffisante pour réduire la pauvreté
Malgré la performance globale, la croissance africaine reste inférieure au seuil de 7 % jugé nécessaire pour une réduction significative de la pauvreté. En 2025, 468 millions d’Africains vivent encore sous le seuil de pauvreté, un chiffre en hausse malgré la baisse du taux d’extrême pauvreté.

Inégalités et emploi des jeunes
La croissance démographique rapide exerce une pression sur les systèmes éducatifs, sanitaires et sur le marché du travail. L’inclusion des jeunes et des femmes dans l’économie formelle reste un défi majeur pour transformer la croissance en développement humain.
Les défis du financement du développement
Endettement et accès au financement
Si le ratio dette/PIB africain a diminué de 67 % à 62 % entre 2023 et 2025, il demeure élevé, avec 21 pays africains dépassant 60 % de dette/PIB. Les coûts d’emprunt sont parmi les plus élevés du monde, freinant les investissements nécessaires dans les infrastructures, l’éducation et la santé.
Réforme de l’architecture financière mondiale
Le coût élevé du financement et l’accès limité aux ressources internationales alimentent le débat sur la réforme de l’architecture financière mondiale. Les appels se multiplient pour un traitement plus équitable de la dette africaine et un accès facilité aux financements concessionnels.
Les risques et vulnérabilités
Chocs externes et instabilité géopolitique
La reprise africaine reste fragile face aux tensions géopolitiques mondiales, à la fragmentation des chaînes de valeur, aux conflits régionaux (Sahel, Corne de l’Afrique) et aux catastrophes climatiques410. L’intégration régionale, la coopération sécuritaire et la résilience climatique sont des priorités pour consolider les acquis.
Les leviers pour une croissance durable
Intégration régionale et ZLECAf
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est un levier clé pour accélérer la transformation structurelle, stimuler le commerce intra-africain et renforcer la résilience face aux chocs mondiaux6911. Sa mise en œuvre effective pourrait augmenter de 45 % le commerce intra-africain d’ici 2045 et générer 141 milliards de dollars de PIB additionnel.

Investissements stratégiques et innovation
L’Afrique doit investir massivement dans les infrastructures, l’énergie, la digitalisation et l’éducation pour soutenir la croissance et l’inclusion. L’innovation, la montée en gamme industrielle et la transition verte sont des axes majeurs de la stratégie continentale.
Conclusion
L’Afrique aborde 2025 sur une trajectoire de croissance solide, mais la transformation de ce rebond en développement inclusif et durable reste un défi. L’accélération de l’intégration régionale, la réforme du financement international et l’investissement dans le capital humain seront déterminants pour réaliser la vision de l’Agenda 2063 : une Afrique prospère, intégrée et résiliente.