Un Sahel sous tension permanente
Depuis plus d’une décennie, le Sahel est le théâtre d’une guerre asymétrique opposant armées nationales, forces internationales et groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique. En août 2025, malgré des opérations militaires intensifiées, la menace reste importante au Mali, au Niger et au Burkina Faso, trois pays au cœur du conflit.
Les nouvelles offensives coordonnées lancées ces dernières semaines, notamment dans les zones frontalières du Liptako-Gourma, visent à reprendre le contrôle des corridors stratégiques et à affaiblir les capacités opérationnelles des groupes armés.
Une coordination militaire renforcée
Depuis 2023, la coopération entre les trois États s’est intensifiée via l’Alliance des États du Sahel (AES), qui a mutualisé ses services de renseignement et ses moyens militaires. Appuyées par des drones, des blindés légers et un réseau de forces spéciales, les armées nationales ciblent désormais les bases logistiques ennemies plutôt que de simples patrouilles défensives.
Au Niger, les combats dans la région de Tillabéri ont permis la capture de plusieurs camps jihadistes. Au Burkina Faso, l’armée annonce avoir sécurisé partiellement la région de l’Est, tandis qu’au Mali, des opérations conjointes avec les milices locales tentent de rouvrir des axes routiers coupés depuis plusieurs années.
L’appui extérieur
Si le départ des troupes françaises de l’opération Barkhane a modifié l’équilibre des forces, la Russie, via la société militaire privée Wagner et d’autres acteurs, s’est installée comme nouveau partenaire sécuritaire, en particulier au Mali. Cet appui fournit des matériels et un soutien au renseignement, même si son efficacité et son coût humain font débat.
Une situation humanitaire dramatique
Ces opérations se déroulent sur fond de crise humanitaire majeure : plus de 5 millions de personnes déplacées dans la région, insécurité alimentaire, effondrement des services publics dans certaines zones rurales. Les ONG alertent sur le fait que les offensives militaires, sans stratégie parallèle de développement et de dialogue communautaire, risquent d’aggraver le ressentiment et de nourrir les recrutements jihadistes.
Obstacles à la stabilité
La stabilité à long terme ne se résume pas à la victoire militaire. Les tensions intercommunautaires, l’absence d’État dans certaines zones, la pauvreté extrême et le manque d’accès aux infrastructures de base constituent autant de facteurs favorisant un cycle sans fin de violence.
Perspectives
Les experts estiment qu’une issue durable exige :
- Un investissement massif dans les services publics ruraux
- Une gouvernance inclusive qui tienne compte des minorités marginalisées
- Un contrôle effectif des frontières et un partage du renseignement à l’échelle régionale