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Crise économique et politique au Liban : Anatomie d’un effondrement systémique et perspectives de sortie de crise

par Africanova
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Beyrouth –
Le Liban traverse depuis plusieurs années une crise économique et politique d’une ampleur sans précédent, qui s’est encore aggravée avec la guerre de 2023-2024 et ses conséquences dévastatrices. En 2025, le pays est confronté à un effondrement généralisé de ses institutions, de son système bancaire, de sa monnaie et de son tissu social. Malgré l’élection d’un nouveau président et la formation d’un gouvernement, les défis restent immenses pour redresser une économie en chute libre et apaiser une population exsangue.

Un effondrement économique historique

Selon la Banque mondiale, le PIB libanais a chuté de 58,1% entre 2019 et 2021, passant de 52 milliards à 21,8 milliards de dollars, une contraction parmi les plus sévères au monde. Cette dégradation s’est poursuivie en 2023 et 2024, avec une baisse supplémentaire estimée entre 6% et 10%, exacerbée par les hostilités récentes. Le cumul des pertes économiques directes et indirectes depuis 1975 est estimé entre 960 milliards et 1,17 trillion de dollars, incluant la guerre civile, les conflits régionaux, l’explosion du port de Beyrouth et la crise bancaire.

L’effondrement du secteur bancaire, autrefois pilier de l’économie, a été un facteur central. La politique monétaire menée par la Banque du Liban (BDL), notamment une ingénierie financière risquée en 2016, a créé une bulle insoutenable. La fuite massive des capitaux et la dollarisation informelle ont miné la confiance dans la monnaie nationale, la livre libanaise, qui s’est effondrée, provoquant une hyperinflation record (268,78% en avril 2023).

Une crise sociale et humanitaire profonde

Cette situation économique dramatique a des répercussions directes sur la vie quotidienne des Libanais. Le taux de chômage dépasse les 30%, la pauvreté touche près de 80% de la population, et les pénuries de carburants, médicaments, électricité et eau sont récurrentes. Le système de santé est au bord de l’effondrement, aggravé par la crise économique et les conséquences de la guerre.

Les populations les plus vulnérables, notamment dans les zones rurales et les quartiers populaires de Beyrouth, subissent de plein fouet cette dégradation. L’accès à l’éducation est également menacé, avec des écoles fermées ou sous-équipées, compromettant l’avenir des jeunes générations.

Une instabilité politique chronique

Depuis 2019, le Liban est plongé dans une paralysie institutionnelle, marquée par des blocages politiques, des manifestations populaires et une défiance généralisée envers les élites. L’élection d’un nouveau président en 2025 et la formation d’un gouvernement offrent une lueur d’espoir, mais la stabilité reste fragile.

Les divisions confessionnelles et politiques compliquent la mise en œuvre de réformes indispensables, notamment dans la gestion des finances publiques, la lutte contre la corruption et la restructuration de la dette. La pression des bailleurs internationaux, dont le FMI, impose des conditions strictes qui suscitent des résistances internes.

Initiatives locales et résilience

Face à l’effondrement de l’État, de nombreuses initiatives locales émergent pour pallier les défaillances. Des coopératives, ONG et acteurs privés développent des solutions innovantes dans l’agriculture, la santé, l’éducation et l’énergie. Ces efforts, bien que limités, témoignent d’une volonté de survie et d’adaptation.

La diaspora libanaise joue également un rôle crucial, avec des transferts de fonds représentant environ 33% du PIB, un soutien vital pour les familles et l’économie informelle.

Perspectives économiques pour 2025

La Banque mondiale prévoit une croissance modérée de 4,7% du PIB en 2025, portée par une reprise du tourisme, de la consommation et des entrées de capitaux limitées. Toutefois, cette projection reste conditionnée à une stabilisation politique durable et à la mise en œuvre de réformes structurelles.

L’incertitude géopolitique, notamment liée au conflit israélo-iranien et aux tensions régionales, ainsi que les séquelles de la guerre récente au Liban, pèsent lourdement sur les perspectives. Le coût de la reconstruction est estimé à plus de 7 milliards de dollars, un défi colossal pour un pays en quasi-faillite.

Enjeux clés pour la sortie de crise

  • Réformes économiques et financières : restructuration de la dette, réforme du secteur bancaire, amélioration de la gouvernance et lutte contre la corruption.
  • Stabilisation politique : dialogue inclusif entre les différentes forces politiques et confessionnelles, renforcement des institutions démocratiques.
  • Reconstruction et développement : mobilisation des ressources internationales, soutien à la reconstruction des infrastructures, relance des secteurs clés (tourisme, agriculture, industrie).
  • Protection sociale : mise en place de filets de sécurité pour les populations vulnérables, accès aux services essentiels (santé, éducation, énergie).

Conclusion

Le Liban est aujourd’hui à un carrefour historique. Après des décennies de crises successives, le pays doit réinventer ses mécanismes économiques, politiques et sociaux pour espérer un avenir plus stable et prospère. Si les défis sont immenses, la résilience de la société libanaise et le soutien de la communauté internationale offrent une base pour amorcer une reconstruction durable.

La route sera longue et semée d’embûches, mais la volonté collective de changement pourrait permettre au Liban de sortir de l’ornière et de retrouver sa place sur la scène régionale et mondiale.

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