Introduction
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, vient d’annoncer qu’elle a atteint un record historique d’exportations pour la campagne 2024-2025. Selon le Conseil du Café-Cacao, le pays a écoulé plus de 2,5 millions de tonnes de fèves, un volume jamais enregistré. Cette performance intervient malgré les menaces croissantes du changement climatique, la fluctuation des prix internationaux et les tensions sociales dans la filière.
Un secteur vital pour l’économie ivoirienne
Le cacao représente à lui seul 15% du PIB ivoirien et environ 40% de ses recettes d’exportation. Près de six millions d’Ivoiriens vivent directement ou indirectement de cette filière. «Le cacao est notre pétrole. Il structure nos campagnes, nos routes et même notre politique», rappelle un économiste d’Abidjan. Le record annoncé est donc accueilli comme une bonne nouvelle dans un pays encore marqué par les crises passées mais en quête de stabilité économique.
Des chiffres qui masquent des fragilités
Si le volume des exportations impressionne, les revenus demeurent fragiles à cause de la volatilité des prix mondiaux. En 2025, le prix du cacao a atteint 3 800 dollars la tonne à Londres, son niveau le plus haut depuis 50 ans, en raison de la baisse des récoltes ghanéennes et nigérianes. Mais selon les producteurs, les bénéfices leur parviennent peu. «Le paysan gagne à peine de quoi nourrir sa famille. La manne du cacao reste concentrée», dénonce un syndicaliste.
Le défi climatique
Le changement climatique menace sérieusement la filière. Sécheresses prolongées, pluies imprévisibles et maladies des cacaoyers réduisent les rendements. Le gouvernement ivoirien, soutenu par la Banque mondiale, mise donc sur la modernisation : distribution de plants résistants, formation à l’agroforesterie, reforestation des zones dégradées. Mais les experts préviennent que si le climat continue de se réchauffer, la zone de culture traditionnelle pourrait devenir impraticable d’ici 2050.

Pression des ONG et certifications
Les grandes multinationales du chocolat sont de plus en plus soumises à la pression des consommateurs occidentaux, exigeant des filières «durables» et «sans déforestation». En Côte d’Ivoire, cela entraîne la prolifération de certifications (Commerce équitable, Rainforest Alliance), mais aussi des tensions : nombre de planteurs se plaignent des coûts excessifs pour répondre à ces standards.
Conclusion
La Côte d’Ivoire savoure son record d’exportations mais reste consciente des fragilités : dépendance aux prix mondiaux, changement climatique, pression sociale. Le cacao reste une richesse mais aussi un défi. Pour l’exécutif, l’enjeu est clair : transformer «l’or brun» en prospérité durable pour ses millions de producteurs.