Introduction
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, traverse une période charnière. En 2025, la filière cacao subit de plein fouet les conséquences du changement climatique, la volatilité des prix mondiaux et la pression des marchés internationaux. Entre sécheresses, maladies des cultures et revendications sociales, le secteur doit se réinventer pour préserver sa place stratégique dans l’économie ivoirienne et mondiale.
Le cacao ivoirien, pilier de l’économie nationale
Le cacao représente près de 40 % des recettes d’exportation de la Côte d’Ivoire et fait vivre plus de 5 millions de personnes. Mais cette dépendance expose le pays à la moindre fluctuation du marché. En 2025, les prix mondiaux ont connu une forte volatilité, passant de records historiques début d’année à une correction brutale au printemps, en raison de la spéculation et des incertitudes sur la demande internationale.
Les défis climatiques : sécheresse, maladies et baisse des rendements
Le changement climatique frappe durement les régions cacaoyères. Les épisodes de sécheresse se multiplient, réduisant la production et fragilisant les jeunes plants. La maladie du swollen shoot, un virus qui décime les cacaoyers, s’est propagée dans plusieurs zones, obligeant à l’arrachage massif des arbres infectés. Les agriculteurs, souvent peu formés aux techniques d’adaptation, peinent à faire face.
Pression sur les prix et concurrence internationale
La Côte d’Ivoire doit aussi composer avec la concurrence du Ghana, du Nigeria et du Cameroun, mais aussi de nouveaux pays producteurs en Amérique latine et en Asie. Les multinationales du chocolat, soucieuses d’assurer leur approvisionnement à bas coût, exercent une pression constante sur les prix d’achat. Les producteurs ivoiriens dénoncent une rémunération insuffisante, qui ne leur permet pas de sortir de la pauvreté.
Les réponses nationales et internationales
Face à cette crise, le gouvernement ivoirien a pris plusieurs mesures :
- Soutien à la recherche agronomique pour développer des variétés plus résistantes à la sécheresse et aux maladies.
- Programme de replantation des vergers vieillissants avec l’appui de la Banque mondiale.
- Promotion de la certification et du commerce équitable pour mieux valoriser la production sur les marchés internationaux.
- Dialogue avec le Ghana pour tenter d’imposer un prix plancher au niveau mondial, mais les résultats restent mitigés.
Les enjeux sociaux et environnementaux

La filière cacao est aussi confrontée à des défis sociaux majeurs : travail des enfants, pauvreté rurale, accès limité à l’éducation et à la santé dans les zones de production. Les ONG appellent à une plus grande transparence des chaînes d’approvisionnement et à un partage plus équitable de la valeur ajoutée.
Sur le plan environnemental, la déforestation liée à l’extension des plantations menace la biodiversité ivoirienne. Des initiatives de reforestation et d’agroforesterie voient le jour, mais peinent à s’imposer face à la pression économique.
Perspectives et innovations
Des coopératives locales innovent en diversifiant les cultures (café, fruits, anacarde), en investissant dans la transformation locale du cacao et en misant sur le label bio. Les jeunes, de plus en plus formés, cherchent à moderniser la filière grâce au numérique et à l’agroécologie.
Conclusion
La Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins. La survie de la filière cacao dépendra de sa capacité à s’adapter aux défis climatiques, à mieux rémunérer les producteurs et à intégrer les enjeux sociaux et environnementaux. Un enjeu crucial pour l’économie ivoirienne, mais aussi pour l’avenir du chocolat dans le monde.