Introduction
Dans le nord de la Côte d’Ivoire, la saison du ramassage du karité bat son plein. Longtemps considéré comme une ressource locale, le beurre de karité connaît aujourd’hui un véritable essor, porté par la demande internationale et la valorisation des savoir-faire traditionnels. De Korhogo à Boundiali, des milliers de femmes s’activent dans les champs et les ateliers pour transformer cette noix en un produit recherché, tant sur les marchés africains qu’européens. Comment le karité est-il devenu un moteur de développement économique et social ? Quels sont les défis et les opportunités pour la filière ivoirienne ? Enquête sur un « or blanc » qui fait la fierté du nord ivoirien.
Le karité, une richesse ancestrale au cœur du développement local
Le karité pousse à l’état sauvage dans les savanes du nord de la Côte d’Ivoire. Sa récolte et sa transformation sont assurées principalement par des femmes, véritables gardiennes d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Le beurre de karité, obtenu après plusieurs étapes de préparation, est utilisé aussi bien dans la cuisine que dans la cosmétique et la médecine traditionnelle.
Ces dernières années, la filière s’est structurée autour de coopératives, qui permettent aux productrices d’accéder à de meilleurs débouchés et de négocier des prix plus justes. L’appui des ONG et des programmes de développement a favorisé la modernisation des équipements, la formation et la certification des produits, ouvrant la voie à l’exportation vers l’Europe, l’Asie et l’Amérique.
Un marché mondial en pleine expansion
Le beurre de karité est aujourd’hui très prisé par l’industrie cosmétique, qui l’utilise pour ses propriétés hydratantes et réparatrices. Les grandes marques internationales intègrent de plus en plus ce produit dans leurs gammes, stimulant ainsi la demande mondiale. Cette dynamique profite aux productrices ivoiriennes, qui voient leurs revenus augmenter et leur statut social renforcé.
Cependant, la concurrence est rude avec d’autres pays producteurs, comme le Burkina Faso, le Mali ou le Ghana. Pour se démarquer, la Côte d’Ivoire mise sur la qualité, la traçabilité et la labellisation des produits. Les initiatives visant à protéger l’environnement et à promouvoir une agriculture durable sont également encouragées, afin de garantir la pérennité de la filière.
Les défis de la filière : structuration, valorisation et équité
Malgré ses succès, la filière karité ivoirienne doit relever plusieurs défis. La structuration des coopératives, l’accès au financement, la formation technique et la lutte contre la fraude restent des priorités. Les productrices réclament aussi une meilleure reconnaissance de leur rôle et une répartition plus équitable des bénéfices.
Par ailleurs, l’adaptation au changement climatique et la préservation des arbres de karité sont des enjeux majeurs. Des programmes de reboisement et de sensibilisation à la gestion durable des ressources naturelles sont mis en place pour garantir la survie de cet « or blanc » sur le long terme.
Conclusion
Le beurre de karité s’impose comme un levier de développement et d’émancipation pour les femmes du nord ivoirien. Entre tradition et modernité, la filière incarne l’avenir d’une économie locale tournée vers l’international, mais soucieuse de préserver ses racines et son environnement.
