Introduction
La Côte d’Ivoire, à un an de la présidentielle de 2026, vient de franchir une étape majeure dans la consolidation de sa démocratie. Selon la Commission électorale indépendante (CEI), plus de 940 000 nouveaux électeurs ont été inscrits sur les listes électorales lors de la dernière opération de révision, clôturée le 31 mai 2025. Ce chiffre record, salué par la classe politique et la société civile, témoigne d’un regain d’intérêt pour la participation citoyenne et pose de nouveaux défis pour l’organisation d’élections transparentes et inclusives.
Une dynamique d’inscription sans précédent
La campagne d’inscription, lancée début avril, a mobilisé des milliers d’agents sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones rurales et les quartiers populaires d’Abidjan. Les autorités ont misé sur la digitalisation du processus, l’ouverture de nouveaux centres d’enrôlement et une campagne de sensibilisation massive à travers les médias et les réseaux sociaux. Résultat : un afflux inédit de jeunes, de femmes et de primo-votants, souvent absents des scrutins précédents.
« C’est la première fois que je m’inscris, j’ai envie de faire entendre ma voix », confie Mariam, 19 ans, étudiante à Bouaké. Comme elle, des centaines de milliers de jeunes voient dans le vote un moyen de peser sur l’avenir du pays.
Les enjeux d’une participation accrue
Cette vague d’inscriptions est perçue comme un signe de vitalité démocratique, dans un pays marqué par des décennies de crises politiques et de violences électorales. Pour la CEI, il s’agit de garantir l’inclusivité du scrutin et de prévenir les contestations post-électorales liées à l’exclusion de certains groupes.
Les partis politiques, toutes tendances confondues, saluent l’initiative mais s’inquiètent de la capacité logistique à absorber ce nouvel afflux d’électeurs. « Il faudra veiller à la fiabilité des listes, à la formation des agents et à la transparence du processus », prévient un responsable du PDCI, principal parti d’opposition.
Les défis logistiques et sécuritaires
L’organisation d’élections crédibles avec près d’un million de nouveaux électeurs pose des défis considérables : impression des cartes, sécurisation des bureaux de vote, gestion des flux le jour du scrutin. Le gouvernement a promis des moyens supplémentaires, mais la société civile reste vigilante. « Nous serons présents sur le terrain pour observer et dénoncer toute irrégularité », assure la présidente de l’ONG Action Citoyenne.
Sur le plan sécuritaire, les autorités craignent des tentatives de manipulation ou de violence, notamment dans les zones de tension historique. La présence de forces de l’ordre sera renforcée, et des campagnes de sensibilisation à la paix sont prévues dans les écoles et les médias.

Un enjeu pour la stabilité politique
La Côte d’Ivoire, qui a connu plusieurs crises électorales sanglantes depuis 2000, joue gros lors de la présidentielle de 2026. Le président sortant, Alassane Ouattara, n’a pas encore annoncé s’il briguerait un nouveau mandat, tandis que l’opposition se prépare à une bataille serrée. L’inscription massive de nouveaux électeurs pourrait rebattre les cartes et favoriser l’émergence de nouveaux leaders.
Pour les observateurs internationaux, la réussite de ce processus électoral sera un test pour la stabilité et la maturité démocratique du pays. L’Union africaine et la CEDEAO ont déjà annoncé l’envoi de missions d’observation.
La voix des jeunes et des femmes
L’un des faits marquants de cette opération d’enrôlement est la forte participation des jeunes et des femmes, longtemps sous-représentés dans les scrutins ivoiriens. Des campagnes ciblées, menées par des influenceurs et des associations, ont permis de lever les réticences et de mobiliser ces publics clés. « Les jeunes veulent du changement, ils veulent être acteurs de leur destin », analyse le politologue Drissa Koné.
Conclusion
Avec 940 000 nouveaux électeurs inscrits, la Côte d’Ivoire envoie un signal fort de vitalité démocratique. Reste à transformer cet élan citoyen en élections transparentes, pacifiques et inclusives. Le scrutin de 2026 sera un moment de vérité pour la démocratie ivoirienne, et un exemple à suivre pour toute l’Afrique de l’Ouest.