Aller au contenu principal
Accueil Actualités COP29 à Lagos : L’Afrique à l’avant-scène de la diplomatie climatique mondiale ?

COP29 à Lagos : L’Afrique à l’avant-scène de la diplomatie climatique mondiale ?

par Africanova
0 commentaires

Introduction

L’organisation de la COP29 à Lagos en 2025 marque un tournant historique : pour la première fois, l’Afrique subsaharienne accueille le plus grand sommet mondial sur le climat. Après des années de plaidoyer pour une place plus centrale dans les négociations, le continent veut imposer un agenda qui lui ressemble, axé sur la justice climatique, l’adaptation et la transformation de ses atouts en moteurs de croissance verte. Mais la réalité des chiffres, des modèles économiques et du poids diplomatique révèle une partie beaucoup plus complexe – entre promesses de croissance, fragilités multiformes et montée des attentes populaires. Lagos 2025 : espoir ou miroir aux alouettes ?

Une dynamique économique encourageante, mais sous contraintes

Selon la Banque mondiale et le FMI, l’Afrique subsaharienne va enregistrer en 2025 une croissance de 4 à 4,2 %, supérieure à la moyenne mondiale. Certaines sous-régions brillent : l’Afrique de l’Est affiche presque 6 %. Derrière les chiffres, la réalité est plus contrastée : une quinzaine de pays connaissent une inflation à deux chiffres, la dette publique croît, et les États fragiles ou en conflit concentrent toujours l’essentiel de la pauvreté absolue. La croissance continentale reste tirée par l’agriculture, le boom démographique et l’émergence d’une économie urbaine et numérique, mais elle demeure vulnérable aux chocs extérieurs – alimentaires, énergétiques, climatiques.

Lagos 2025 : la “COP africaine”

L’Afrique présente à Lagos un front uni sur plusieurs priorités :

  • Adaptation climatique et financement : Le continent réclame la concrétisation des 100 milliards de dollars annuels promis par le Nord, dont il n’a reçu qu’une fraction.
  • Valorisation de ses ressources naturelles : L’Afrique détient 30 % des réserves mondiales de minerais stratégiques, essentiels pour la transition énergétique mondiale (batteries, éoliennes, panneaux solaires).
  • Agri-tech et inclusion jeunesse : Transformer l’agriculture avec la tech, investir dans les PME vertes, s’appuyer sur la jeunesse (âge médian du continent : 19 ans) pour bâtir une croissance inclusive et bas carbone.

Financement, dette et justice climatique

Un leitmotiv s’impose à Lagos : l’Afrique ne peut pas « porter seule le fardeau de l’adaptation », ni être réduite au rôle de victime ou de terrain d’expérimentation pour des modèles venus du Nord.

  • La pression est forte pour obtenir des compensations pour pertes et dommages, un accès facilité aux marchés du carbone, et la restructuration de la dette climatique.
  • Les transferts de fonds africains pourraient atteindre 500 milliards de dollars d’ici dix ans, condition essentielle pour enclencher l’investissement dans la croissance verte.

Des disparités régionales profondes

  • L’Afrique de l’Ouest bénéficie du boom gazier (Sénégal, Niger), l’Est est portée par l’Ethiopie, le Rwanda, la Tanzanie.
  • Mais de nombreux pays, particulièrement ceux en situation de conflits ou de fragilité institutionnelle, cumulent pauvreté, instabilité et sous-financement de leur transition climatique.
  • L’accès à l’éducation, la santé ou l’eau potable progresse trop lentement pour accompagner la démographie galopante.

Le dilemme : ressources intactes ou modèles extractivistes revisités ?

À Lagos, de nombreuses voix africaines défendent une « approche souveraine » : valoriser les minerais stratégiques « verts », imposer plus de local content dans l’industrie du futur, refuser d’exporter des matières brutes sans retombées locales. Les débats sur la ZLECAf (zone de libre-échange africaine) et le protectionnisme vert africain s’invitent dans les échanges officiels.

Gouvernance et mobilisation sociale : clé de l’avenir

Les experts rappellent : croissance et transition ne se feront qu’avec une gouvernance améliorée, une lutte efficace contre la corruption et la mobilisation des acteurs locaux.

  • Malgré sa résilience, l’Afrique reste le continent des inégalités : à Lagos, la société civile pousse à des solutions “par et pour” les Africains : coopératives vertes, entrepreneuriat jeune, réduction de la dette.
  • Des initiatives numériques (fintech verte, plateformes de microfinancement, data climat) illustrent la capacité du continent à sauter certaines étapes du développement classique.

Regard international : entre soutien sincère et rivalités

Si l’Europe, la Chine et les États-Unis multiplient les promesses, la réalité géopolitique et la concurrence pour les minerais verts ou l’influence diplomatique sont omniprésentes. L’Afrique vise à capter plus de 10 % des revenus de la transition minière mondiale d’ici 2030, soit plus de 1 400 milliards de dollars potentiels.

Conclusion

Lagos 2025 marque un moment de bascule : l’Afrique n’est plus invitée à la table, elle tient le micro. Mais son agenda climatique, entre mobilisation populaire et réformes difficiles, se heurtera au test de la gouvernance et de la solidarité internationale. Justice climatique, souveraineté sur les ressources et accélération de la croissance verte : le sommet de Lagos pourrait bien déterminer le visage de la transition mondiale – et le rôle de l’Afrique dans le siècle qui commence.

VOUS POUVEZ AUSSI AIMER

Laissr un commentaire

Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?
WP Radio
WP Radio
OFFLINE LIVE
-
00:00
00:00
Update Required Flash plugin
-
00:00
00:00