Introduction
Le 30 mai 2025, le Conseil de l’Europe a publié un rapport alarmant sur les risques croissants liés au profilage racial et à l’usage non encadré de la reconnaissance faciale dans plusieurs pays membres. Ce document, fruit de deux ans d’enquête et de consultation avec des ONG, des experts en droits humains et des représentants des forces de l’ordre, met en garde contre une dérive sécuritaire qui menace les libertés fondamentales, la vie privée et la cohésion sociale. Analyse des principaux points du rapport, des réactions et des enjeux pour l’Europe et au-delà.
Les constats du rapport
- Profilage racial : Le Conseil de l’Europe dénonce la persistance de contrôles policiers discriminatoires fondés sur l’apparence, l’origine ethnique ou la religion. Plusieurs pays, dont la France, l’Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni, sont cités pour des pratiques de « contrôle au faciès » jugées systémiques.
- Reconnaissance faciale : L’usage croissant de technologies de surveillance biométrique dans l’espace public, souvent sans cadre légal clair, expose les citoyens à des risques de surveillance de masse, d’erreurs d’identification et de discrimination.
- Données sensibles : Le rapport souligne le manque de transparence sur la collecte, le stockage et l’utilisation des données faciales, ainsi que l’absence de recours effectifs pour les personnes lésées.
Les risques pour les droits fondamentaux
- Atteinte à la vie privée : La généralisation de la reconnaissance faciale menace l’anonymat dans l’espace public et le droit à la vie privée, protégés par la Convention européenne des droits de l’homme.
- Discrimination et stigmatisation : Les algorithmes de reconnaissance faciale, souvent entraînés sur des bases de données non représentatives, présentent des taux d’erreur plus élevés pour les minorités ethniques, aggravant les risques de discrimination.
- Défiance envers les institutions : Le sentiment d’être surveillé en permanence peut miner la confiance des citoyens dans la police, la justice et les autorités publiques.
Les recommandations du Conseil de l’Europe
- Moratoire sur la reconnaissance faciale : Le rapport recommande un moratoire sur l’usage de la reconnaissance faciale dans l’espace public, le temps d’adopter un cadre légal strict et des garanties pour les droits humains.
- Formation et contrôle : Renforcer la formation des forces de l’ordre à la lutte contre le racisme et la discrimination, et instaurer des mécanismes de contrôle indépendants.
- Transparence et accès à l’information : Obliger les autorités à informer les citoyens sur l’usage des technologies de surveillance et à garantir l’accès aux recours juridiques.

Réactions nationales et internationales
- Gouvernements : Certains pays, comme la France et l’Allemagne, annoncent des audits et des consultations citoyennes. D’autres, comme la Hongrie ou la Russie, rejettent les critiques et poursuivent le déploiement des technologies.
- ONG et société civile : Amnesty International, Human Rights Watch et la Ligue des droits de l’homme saluent le rapport et appellent à une mobilisation européenne pour défendre les libertés.
- Entreprises technologiques : Les leaders du secteur, sous pression, promettent d’améliorer la transparence et l’éthique de leurs algorithmes, mais dénoncent une réglementation trop stricte qui freinerait l’innovation.
Les enjeux pour l’avenir
Le débat sur la reconnaissance faciale et le profilage racial s’inscrit dans un contexte de montée des populismes, de crispation sécuritaire et de révolution numérique. L’Europe, souvent pionnière en matière de droits numériques (RGPD), doit trouver un équilibre entre sécurité, innovation et respect des droits fondamentaux.
Les choix faits aujourd’hui auront un impact durable sur la société, la démocratie et la place de l’Europe dans le monde.
Conclusion
L’alerte du Conseil de l’Europe sur le profilage racial et la reconnaissance faciale rappelle l’importance de défendre les droits humains à l’ère du numérique. Entre innovation technologique et protection des libertés, l’Europe doit tracer une voie exigeante et exemplaire, pour elle-même et pour le reste du monde.