Introduction
Après des mois de tensions commerciales et de rivalités géopolitiques, la Chine s’apprête à accueillir à Pékin, ce jeudi 24 juillet 2025, les principaux dirigeants de l’Union européenne pour un sommet à très haute intensité diplomatique. Contexte de guerre en Ukraine, tensions en mer de Chine, économies en mutation rapide et crise climatique placent ce rendez-vous sous le signe de la redéfinition des rapports de force mondiaux. Que peut-on en attendre concrètement ? Sur quels points la négociation s’annonce-t-elle la plus sensible ? Et l’Afrique, nouveau terrain de compétition sino-européenne, sera-t-elle évoquée ?
Entre dégel, méfiances et tentatives de partenariat
Depuis le sommet de Paris 2023 et la reprise des hostilités entre l’Ukraine et la Russie, les relations entre la Chine et l’UE se sont résolument refroidies. Bruxelles accuse Pékin de neutralité ambiguë face à Moscou, d’opacité dans la gestion de la crise climatique et de dumping industriel. La Chine, quant à elle, supporte de moins en moins les restrictions technologiques occidentales, le rapprochement UE–Taïwan et les appels à la « dé-riskisation » des échanges.
Ce sommet marque donc, pour Xi Jinping et Ursula von der Leyen, une tentative de stabilisation : investir dans le « dialogue stratégique » sans renoncer aux divergences.
Les grands enjeux à la table des négociations
- Commerces et barrières douanières : L’UE réclame la fin des pratiques jugées déloyales (subventions massives, fermeture de certains marchés, propriété intellectuelle). Pékin attend un assouplissement des restrictions sur ses technologies stratégiques (5G, IA, batteries, VE).
- Crise climatique et transition énergétique : L’UE aimerait obtenir une accélération des plans de décarbonation européens et chinois, la Chine exhibant des investissements massifs dans le solaire, le nucléaire et l’hydrogène mais restant le premier émetteur mondial de CO2.
- Diplomatie et sécurité régionale : L’ombre de la guerre en Ukraine flotte sur le sommet : Bruxelles attend des garanties sur la non-livraison d’armes à Moscou et appelle à plus d’engagement sur la stabilité en Asie-Pacifique. Pékin dénonce ingérences et pressions sur ses partenaires régionaux.
- Africa rising : Si la rivalité sino-américaine est souvent au premier plan, l’Afrique sera omniprésente : mines stratégiques, grands chantiers, ZLECAf, influence sur les questions de gouvernance, endettement – les capitales européennes cherchant à préserver leur influence sur un continent où la Chine fait figure d’investisseur dominant.
Dissensions et points de rupture potentiels
Malgré des échanges commerciaux record, plusieurs dossiers risquent de plomber l’ambiance :
- Propriété intellectuelle, biais sur les marchés publics.
- Politique des visas, circulation des étudiants et travailleurs qualifiés.
- Droits humains au Xinjiang, à Hong Kong et en Mongolie intérieure.
- Menaces de mesures de rétorsion en cas de sanctions européennes accrues.
Que peut espérer l’Afrique de ce sommet ?
L’Afrique suit de près l’évolution des rapports Chine-UE : le sort des dettes, les montages de cofinancements, les enjeux d’accès au numérique, à l’énergie et à la pharmaceutique sont cruciaux pour les économies africaines, souvent prises en étau entre les deux blocs.
Conclusion
Le sommet Chine-UE de Pékin sera bien plus qu’un rendez-vous protocolaire : il cristallisera les tensions d’une mondialisation bousculée, posera les jalons du commerce et de la diplomatie pour les années à venir et pèsera immanquablement sur les choix stratégiques de l’Afrique et du Sud global.
