Introduction
Le sommet sino-européen du 24 juillet 2025, organisé à Pékin, incarne l’un des rendez-vous diplomatiques les plus stratégiques de la décennie. Sur fond de tensions commerciales persistantes, de rivalité technologique, de crise climatique et de recomposition des alliances planétaires, la visite officielle de la présidente de la Commission européenne et des chefs d’États européens marque-t-elle le début d’une ère nouvelle dans les relations Chine-UE ? Quelles conclusions tirer alors que l’Afrique, la Russie et les États-Unis observent avec attention les moindres inflexions de cette relation ? Enquête et analyse.
Des partenaires économiques… mais des rivaux stratégiques
La Chine est le premier partenaire commercial de l’Union européenne, mais aussi son plus grand concurrent dans les secteurs de la transition industrielle et numérique.
- Barrières douanières, dumping, contentieux sur la propriété intellectuelle et protection des investissements forment le socle de la rivalité.
- Technologies stratégiques : l’IA, la 5G, la cybersécurité, les batteries électriques alimentent une concurrence féroce, Pékin tentant de s’imposer sur les standards tandis que Bruxelles veut préserver son autonomie réglementaire.
Malgré des désaccords profonds (droits humains au Xinjiang et à Hong Kong, libertés en ligne, nearshoring et diversifications des chaînes d’approvisionnement), la dépendance réciproque impose le dialogue.
Les grands sujets à la table des négociations
- Guerre en Ukraine : L’UE presse la Chine de jouer un rôle de médiatrice active, de ne pas soutenir militairement la Russie et d’user de son influence sur Moscou.
- Crise climatique : L’UE aimerait engager Pékin à accélérer sa sortie du charbon et à investir dans la transition énergétique mondiale.
- Afrique : La compétition pour les matières premières et les marchés africains s’invite formellement à l’agenda. L’UE s’inquiète d’une « diplomatie des infrastructures » chinoise jugée opaque, alors que Pékin réclame l’arrêt du « néoprotectionnisme européen ».
Premiers bilans du sommet
Selon les premiers communiqués, aucun grand accord commercial nouveau n’a été signé, mais :
- Un engagement mutuel à « éviter l’escalade » et à multiplier les dialogues bilatéraux sur le commerce, la tech et la fiscalité verte.
- Une déclaration commune sur la coopération climatique, mais sans avancée majeure sur la fin du charbon côté chinois.
- Le lancement d’un groupe de travail « Afrique » visant à réduire la méfiance et à tester des projets conjoints (énergie, digitalisation, santé).

L’Afrique au centre des calculs
Le sud global, et en particulier l’Afrique, est le champ de compétition privilégié des deux géants :
- Chine : investissements massifs dans le rail, les ports, le numérique, la santé, mais endettement croissant de plusieurs pays africains et critiques sur la transparence.
- UE : tentative de repositionnement (Global Gateway, Pacte vert pour l’Afrique), mais manque de rapidité et de lisibilité politique.
Reactions et analyses
Si l’Europe montre une volonté de s’émanciper de la puissance américaine dans sa politique chinoise, elle reste divisée sur la stratégie : la France pousse au réalisme, l’Allemagne au dialogue industriel, la Lituanie ou la Suède à la fermeté sur les droits humains.
Les marchés saluent la volonté d’éviter une guerre commerciale totale, mais ne croient pas en une réorientation rapide de la relation. Côté africain, on réclame des résultats concrets : transfert de technologies, accès aux marchés et engagements sur la dette.
Conclusion
Le sommet de Pékin de juillet 2025 marque une étape, mais pas une rupture, dans la relation Chine-UE. Face aux défis mondiaux, la lente convergence d’intérêts et la compétition en Afrique structureront l’ordre international bien au-delà du simple duel Bruxelles-Pékin.