Introduction
Le Cameroun, pays d’Afrique centrale, est confronté à une crise humanitaire complexe et largement méconnue. Selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), le Cameroun abrite la crise de déplacement la plus négligée au monde. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées par les conflits armés, les violences intercommunautaires et les catastrophes naturelles, dans un contexte de manque d’attention médiatique et de sous-financement de l’aide humanitaire. Analyse d’une tragédie silencieuse et de ses enjeux régionaux.
Le rapport du NRC : une alerte sur une crise oubliée
Dans son rapport annuel « Les crises les plus négligées du monde », le NRC place le Cameroun en tête de liste, devant des pays comme la République démocratique du Congo, le Soudan et le Burkina Faso. L’ONG justifie ce classement par plusieurs facteurs :
- Le nombre élevé de personnes déplacées (plus d’un million)
- Le faible niveau d’aide humanitaire reçue
- Le manque d’attention médiatique internationale
- La complexité des crises et des acteurs impliqués
« La crise au Cameroun est une tragédie oubliée, où des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions précaires, sans accès à l’eau, à la nourriture, aux soins et à l’éducation », déclare Jan Egeland, secrétaire général du NRC.
Les causes multiples des déplacements
Le Cameroun est confronté à plusieurs crises simultanées, qui provoquent des déplacements massifs de populations :
- Le conflit avec Boko Haram dans l’Extrême-Nord, qui a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés.
- La crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où des groupes séparatistes armés affrontent l’armée régulière.
- Les violences intercommunautaires dans le Nord, liées à des conflits fonciers et à la transhumance.
- Les catastrophes naturelles, comme les inondations et les sécheresses, qui aggravent la vulnérabilité des populations.
Les défis humanitaires
Les personnes déplacées au Cameroun vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Beaucoup sont hébergées par des familles d’accueil, qui peinent à subvenir à leurs besoins. D’autres vivent dans des camps de fortune, sans accès à l’eau potable, à l’assainissement et aux soins de santé.
La malnutrition est un problème majeur, en particulier chez les enfants. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables aux violences sexuelles et à l’exploitation.

Le manque d’attention médiatique
L’une des raisons pour lesquelles la crise camerounaise est négligée est le manque d’attention médiatique internationale. Les journalistes étrangers ont du mal à accéder aux zones de conflit, et les médias locaux manquent de moyens pour couvrir l’ensemble du territoire.
Cette invisibilité a des conséquences directes sur le financement de l’aide humanitaire, qui reste largement insuffisant au regard des besoins.
L’appel du NRC et des ONG
Le NRC et les autres organisations humanitaires appellent la communauté internationale à :
- Accroître le financement de l’aide humanitaire au Cameroun
- Faciliter l’accès aux zones de conflit pour les travailleurs humanitaires et les journalistes
- Soutenir les efforts de paix et de réconciliation nationale
- Protéger les droits des personnes déplacées et des réfugiés
Les enjeux pour le Cameroun et la région
La crise camerounaise a des répercussions sur l’ensemble de la région du bassin du lac Tchad. Elle contribue à l’instabilité, aux flux migratoires et à la propagation du terrorisme.
Si le Cameroun ne parvient pas à résoudre ses crises internes, les conséquences pourraient être désastreuses pour tout le continent.
Conclusion
Le Cameroun, confronté à une crise de déplacement largement ignorée, a besoin d’une solidarité internationale accrue. Il est temps de briser le silence et d’agir pour soulager la souffrance de centaines de milliers de personnes. L’avenir du Cameroun et de la région en dépend.