Cameroun : La crise anglophone et les tensions persistantes dans les régions dissidentes

Introduction
Le Cameroun vit depuis 2016 l’une des crises internes les plus profondes de son histoire récente : la crise anglophone, centrée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les affrontements entre forces gouvernementales et groupes séparatistes, qui réclament l’indépendance de l’« Ambazonie », continuent d’endeuiller le pays. Près de neuf ans après le début du conflit, les perspectives d’apaisement semblent encore lointaines, malgré les initiatives de dialogue sporadiques.

Un conflit enraciné dans des revendications historiques
Les tensions trouvent leurs racines dans les revendications de la minorité anglophone, qui accuse Yaoundé de marginalisation politique, économique et culturelle depuis l’unification du Cameroun francophone et anglophone en 1961. Ce sentiment d’exclusion a progressivement évolué vers une radicalisation politique et militaire, marquée par la montée de factions séparatistes armées.

Conséquences humanitaires et sociales
Le conflit a provoqué l’exode de centaines de milliers de civils, dont beaucoup se réfugient dans les régions francophones ou dans les pays voisins, notamment le Nigeria. Les écoles, hôpitaux et marchés sont régulièrement pris pour cible par les factions. Les ONG humanitaires dénoncent une crise silencieuse, occultée par les grandes puissances internationales, mais dont l’impact social est dévastateur : appauvrissement massif, effondrement de l’éducation locale, traumatisme psychologique des enfants déplacés.

La position ambiguë du pouvoir central
Le gouvernement du président Paul Biya maintient une ligne de fermeté sécuritaire, tout en multipliant ponctuellement les appels au dialogue. Pourtant, les accusations de violations des droits humains contre les forces armées camerounaises compromettent la crédibilité d’une solution politique. L’absence de véritables négociations inclusives entretient l’enlisement du conflit.

Les perspectives régionales et internationales
La communauté internationale, bien que préoccupée, s’implique peu. Certains voisins comme le Nigeria tentent des médiations discrètes, mais sans résultats tangibles. Le conflit camerounais illustre la difficulté de traiter des crises internes où les questions identitaires et linguistiques se superposent à des enjeux géopolitiques locaux.

Conclusion
Neuf ans après son déclenchement, la crise anglophone au Cameroun reste un défi majeur pour la stabilité du pays et de la sous-région. L’incapacité à trouver une solution durable questionne la légitimité de l’État et fragilise la cohésion nationale.

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