Le 12 octobre 2025, le Cameroun a vécu une journée électorale sous haute tension marquant une étape cruciale dans la course à la présidence. Plus de huit millions d’électeurs ont été appelés aux urnes pour élire un nouveau président, dans un contexte politique compliqué et un climat sécuritaire fragile. Le président sortant Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis plus de quatre décennies, briguait un huitième mandat face à onze autres candidats, dont Patricia Ndam Njoya, seule femme en lice.
Les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, par lesquelles transitaient traditionnellement une forte mobilisation électorale, étaient cette fois largement désertées. La peur liée aux violences des groupes séparatistes a pesé lourdement sur la participation, obligeant les autorités à déployer un massif de forces de sécurité pour contenir tout débordement. Si certains centres ont enregistré une certaine affluence, notamment dans la région de Bamenda, la participation globale reste faible par rapport aux examens précédents, reflétant une atmosphère lourde d’appréhension.
Des témoins sur place rapportent des scènes contrastées : tandis que certains bureaux de vote, notamment en milieu urbain et sécurisés, fonctionnaient convenablement, d’autres demeuraient presque vides, renforçant les incompréhensions autour du processus démocratique. Le gouverneur du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique, a toutefois apprécié le succès global du contrôle, mettant en avant l’absence d’incidents majeurs et la mise en place d’une logistique électrique rigoureuse.
Cependant, la tension ne s’est pas dissipée avec la fermeture des bureaux. Le début du dépouillement a été marqué par une atmosphère lourde, avec des accusations non confirmées de manipulation et des appels à la vigilance des partis d’opposition. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrant des accrochages entre forces de sécurité et partisans circulent, alimentant le climat de défiance. La crainte d’une contestation violente des résultats plan sur le pays.

Paul Biya, qui continue d’incarner la stabilité pour une large partie de la population, fait face à une jeunesse désabusée qui réclame davantage de changement et une représentativité accrue. La complexité des enjeux dans les régions anglophones, en particulier, demeure un point noir majeur que la nouvelle mandature devra impérativement s’adresser pour restaurer une paix durable.
Dans cette attente, la Commission électorale rassemble et centralise les résultats pour une proclamation officielle attendue dans les jours à venir par le Conseil constitutionnel, garant constitutionnel du contrôle. Ce dernier se fait attendre, au vu des tensions et de la pression intérieure comme extérieure, notamment de la communauté internationale, qui appelle au respect strict des règles démocratiques.
Le scrutateur de 2025 au Cameroun révèle ainsi une fracture entre un régime historique résistant dans ses fondations et un pays où les aspirations à la réforme se font pressantes. L’issue de ce processus électoral aura sans doute un impact déterminant sur la stabilité de la région d’Afrique centrale à court et moyen terme.