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Burkina Faso : passage de 13 à 17 régions, nouvelle carte administrative et enjeux pour la gouvernance

par Africanova
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Ouagadougou, 5 juillet 2025 – Le Burkina Faso redessine sa carte

Le Burkina Faso vient d’officialiser l’une des plus grandes réformes administratives de son histoire : le passage de 13 à 17 régions. Cette décision, prise dans un contexte de crise sécuritaire et de revendications locales, vise à rapprocher l’administration des citoyens et à mieux répondre aux défis du développement. Mais elle suscite aussi des interrogations sur la gouvernance, la cohésion nationale et la capacité de l’État à mettre en œuvre une telle transformation.

Une réforme attendue, fruit d’un long processus

Depuis plusieurs années, des voix s’élevaient pour dénoncer le déséquilibre entre régions, l’enclavement de certains territoires et la difficulté d’accès aux services publics. La réforme, annoncée en 2024, a fait l’objet de consultations avec les élus locaux, les chefs coutumiers et la société civile.

Les quatre nouvelles régions créées – la région du Gourma, du Liptako, du Nahouri et du Kénédougou – répondent à des réalités démographiques, économiques et culturelles spécifiques. Elles visent à donner plus de visibilité et de moyens à des zones longtemps marginalisées.

Objectifs affichés : proximité, développement et sécurité

Le gouvernement burkinabè justifie cette réforme par trois objectifs principaux :

  1. Rapprocher l’administration des populations : chaque région disposera d’une gouvernance propre, avec un gouverneur, un conseil régional et des budgets dédiés.
  2. Mieux répondre aux défis sécuritaires : certaines nouvelles régions sont situées dans des zones à forte insécurité (Sahel, Est, Nord), où la présence de l’État est essentielle pour lutter contre les groupes armés.
  3. Accélérer le développement local : la création de nouvelles régions doit permettre une meilleure répartition des ressources, des investissements ciblés et une planification adaptée aux besoins locaux.

Des défis logistiques et financiers majeurs

La réforme n’est pas sans difficultés. La création de nouvelles régions implique la construction d’infrastructures administratives, le recrutement de fonctionnaires, la décentralisation des budgets et la formation des élus locaux. Dans un pays confronté à des ressources limitées et à une insécurité persistante, le risque de voir certaines régions rester des coquilles vides est réel.

Le gouvernement a promis un accompagnement financier exceptionnel pour les premières années, mais la soutenabilité à long terme dépendra de la capacité à mobiliser des recettes locales et à attirer des investissements.

Enjeux politiques et sociaux : entre espoir et scepticisme

Pour de nombreux habitants des nouvelles régions, la réforme est porteuse d’espoir : elle symbolise la reconnaissance de leur identité, la promesse d’un accès facilité aux services publics et la possibilité de peser davantage dans les choix nationaux.

Mais certains observateurs mettent en garde contre le risque de fragmentation du territoire, de renforcement des logiques identitaires et de concurrence entre régions. La réussite de la réforme dépendra de la capacité à maintenir la cohésion nationale, à éviter les dérives clientélistes et à garantir l’équité entre territoires.

Une réforme dans le contexte de la lutte contre le terrorisme

Le Burkina Faso est confronté à une crise sécuritaire majeure, avec des attaques régulières de groupes djihadistes dans le nord et l’est du pays. La création de nouvelles régions vise aussi à renforcer la présence de l’État dans ces zones sensibles, à améliorer la coordination entre forces de sécurité et autorités locales, et à offrir des alternatives économiques aux jeunes vulnérables à la radicalisation.

Perspectives et recommandations

Pour que la réforme soit un succès, plusieurs conditions doivent être réunies :

  • Renforcer la formation et l’accompagnement des nouveaux élus régionaux
  • Assurer une répartition équitable des ressources entre régions
  • Impliquer la société civile et les communautés locales dans la gouvernance
  • Évaluer régulièrement l’impact de la réforme et ajuster les dispositifs en fonction des besoins

Le Burkina Faso pourrait ainsi devenir un modèle de décentralisation réussie en Afrique de l’Ouest, à condition de surmonter les obstacles financiers, sécuritaires et politiques.

Conclusion

Le passage de 13 à 17 régions marque une étape historique pour le Burkina Faso. Cette réforme, ambitieuse et risquée, est porteuse d’espoir pour des millions de citoyens. Elle pose aussi des défis redoutables en termes de gouvernance, de cohésion et de sécurité. L’avenir dira si le pays saura transformer cette nouvelle carte administrative en levier de développement et de paix.

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