Une crise éducative sans précédent dans les campagnes burkinabè
Au Burkina Faso, la crise sécuritaire prend une tournure dramatique pour l’avenir du pays : dans les régions rurales, des centaines d’écoles ferment leurs portes sous la menace croissante des groupes armés terroristes. Selon le ministère de l’Éducation nationale, plus de 6 000 établissements scolaires sont actuellement fermés, privant près d’un million d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation. Cette situation, qui s’aggrave depuis 2022, menace non seulement la scolarisation de toute une génération mais aussi la stabilité sociale et économique du pays.
L’insécurité, principal moteur de la fermeture des écoles
Depuis l’intensification des attaques djihadistes dans le nord et l’est du Burkina Faso, les écoles sont devenues des cibles privilégiées. Les groupes armés, affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), multiplient les menaces, les enlèvements d’enseignants et les incendies d’établissements. Leur objectif est clair : imposer leur idéologie, interdire l’école « occidentale » et contrôler les territoires ruraux.
Les enseignants, pris pour cibles, fuient massivement les zones à risque. « Nous avons reçu des lettres de menaces, vu des collègues enlevés ou tués. Beaucoup n’osent plus aller en classe », témoigne un instituteur réfugié à Ouagadougou. Les parents, eux, préfèrent garder leurs enfants à la maison par peur des représailles.
Des conséquences dramatiques pour la jeunesse et la société
La fermeture des écoles a des conséquences multiples :
- Déscolarisation massive : Près d’un million d’enfants sont privés d’accès à l’éducation, aggravant l’illettrisme et l’exclusion sociale.
- Mariages précoces et exploitation : Les filles déscolarisées sont plus exposées aux mariages forcés et au travail domestique, tandis que les garçons risquent l’enrôlement par les groupes armés.
- Perte de repères et radicalisation : Sans école, les jeunes sont vulnérables à la propagande djihadiste et à la criminalité.
- Fuite des compétences : La peur pousse les enseignants à quitter les zones rurales, affaiblissant durablement le tissu éducatif.
Les efforts du gouvernement et des partenaires internationaux
Face à cette crise, le gouvernement burkinabè tente de réagir. Des écoles « de substitution » sont ouvertes dans les zones plus sûres, accueillant des enfants déplacés internes. Des programmes de soutien psychologique et de rattrapage scolaire sont mis en place avec l’aide de l’UNICEF, de l’UNESCO et de plusieurs ONG.
Le ministère de l’Éducation a également lancé des initiatives de « classes mobiles » et de radio-éducation pour maintenir un lien pédagogique avec les enfants isolés. Mais le manque de moyens, la dispersion des populations et la persistance de l’insécurité limitent l’efficacité de ces dispositifs.

Le rôle crucial de la communauté et de la société civile
Dans certaines régions, la mobilisation communautaire fait la différence. Des comités locaux de sécurité, associant parents, chefs coutumiers et volontaires, protègent les écoles et accompagnent les enseignants. Les associations de femmes jouent un rôle clé pour sensibiliser à l’importance de l’éducation et lutter contre les mariages précoces.
Les leaders religieux, musulmans et chrétiens, appellent à la paix et à la préservation de l’école comme espace de dialogue et de cohésion sociale.
Perspectives et solutions pour sauver l’éducation rurale
- Renforcement de la sécurité : Protéger les écoles avec l’appui des forces de défense et de sécurité, mais aussi par la prévention et la médiation communautaire.
- Soutien aux enseignants : Former, accompagner et sécuriser les enseignants, en valorisant leur rôle dans la société.
- Innovation pédagogique : Développer l’enseignement à distance, les classes mobiles et les outils numériques adaptés au contexte rural.
- Investissement international : Accroître l’aide extérieure pour financer la reconstruction des écoles et la prise en charge des enfants déplacés.
Conclusion : L’éducation, enjeu de résilience nationale
La fermeture des écoles rurales au Burkina Faso est une tragédie silencieuse, mais aussi un défi à relever pour la résilience du pays. Sans éducation, il n’y a pas de développement, pas de paix durable, pas d’avenir pour la jeunesse burkinabè. La mobilisation de tous, au niveau local, national et international, est indispensable pour garantir le droit à l’éducation et préserver l’espoir d’une génération.