Burkina Faso : l’agroécologie, une résilience face au changement climatique et à l’insécurité

Le Burkina Faso, confronté à une insécurité grandissante et à des dérèglements climatiques extrêmes, mise depuis 2025 sur l’agroécologie comme réponse holistique aux crises alimentaires et sociales. Dans un pays où 80 % de la population dépend de l’agriculture pluviale, les sécheresses récurrentes et l’avancée du désert menacent les moyens de subsistance de millions de paysans. Pourtant, des initiatives locales, soutenues par des partenariats internationaux, redessinent le paysage agricole burkinabè, combinant savoirs traditionnels et innovations technologiques pour une transition durable.

La région du Sahel, épicentre de cette révolution verte 2.0, illustre les défis et les espoirs. À Gorom-Gorom, des coopératives féminines ont revitalisé 15 000 hectares de terres dégradées grâce à la technique du zaï, une méthode ancestrale de culture en poquets enrichis de compost. Ces femmes, souvent veuves de conflits armés, ont vu leurs rendements de mil tripler, passant de 300 à 900 kg par hectare. Leur succès a inspiré le projet national AgroÉcolo 2030, qui vise à former 500 000 agriculteurs aux pratiques agroécologiques d’ici 2030, avec un budget de 200 millions de dollars financé par la Banque mondiale et l’Union européenne.

Cependant, l’insécurité complique cette transition. Les groupes armés, actifs dans le nord et l’est du pays, ciblent régulièrement les infrastructures agricoles. En janvier 2025, l’attaque d’un centre de formation agroécologique à Dori a entraîné la mort de deux experts agronomes et la destruction de serres expérimentales. Malgré ces risques, des ONG comme Terre Verte Afrique équipent les villages de kits d’irrigation solaire et de semences résilientes, tout en négociant des couloirs humanitaires avec les factions armées.

L’agroécologie burkinabè s’appuie aussi sur un réseau de banques de céréales communautaires, où les paysans stockent leurs récoltes pour lisser les prix et éviter la spéculation. À Kaya, ces banques ont permis de réduire de 40 % la malnutrition infantile pendant la soudure de 2024. Le gouvernement, par le biais du ministère de l’Agriculture, encourage la labellisation BioSPG (Système participatif de garantie) pour certifier les produits agroécologiques et accéder aux marchés urbains émergents.

Les défis restent immenses. L’exode rural, amplifié par les conflits, prive les campagnes de main-d’œuvre jeune. Les subventions aux engrais chimiques, bien que réduites, faussent encore la concurrence avec les intrants naturels. Et la pression foncière, attisée par l’exploitation minière illégale, menace les terres agricoles. Pourtant, des solutions émergent : à Bobo-Dioulasso, des start-up comme AgriTech BF développent des drones low-cost pour cartographier les sols et optimiser l’usage de l’eau.

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