Introduction
Le 19 mai 2025, Ouagadougou a vibré au rythme de l’histoire et de la mémoire collective. L’inauguration du mausolée Thomas Sankara, figure emblématique du panafricanisme, marque une étape majeure dans la réconciliation nationale et la valorisation de l’héritage politique du Burkina Faso. Plus de trente ans après son assassinat, Sankara continue d’inspirer des générations en quête de justice, de dignité et de souveraineté. Ce monument, érigé sur le site même où il fut fauché en 1987, devient un symbole vivant, porteur d’espoir pour la jeunesse africaine.
Un hommage national et panafricain
La cérémonie d’inauguration a rassemblé une foule immense : officiels burkinabè, délégations africaines, représentants de la société civile, familles des victimes du coup d’État de 1987, mais aussi de nombreux jeunes venus de tout le pays. Le mausolée, conçu comme un espace de recueillement et d’éducation, accueille désormais une exposition permanente retraçant la vie, les combats et les idéaux de Sankara. Des ateliers pédagogiques, des conférences et des projections de films sont prévus pour faire vivre la pensée sankariste et transmettre ses valeurs aux nouvelles générations.
Au-delà du Burkina Faso, l’événement a résonné dans toute l’Afrique. Des messages de soutien sont venus du Mali, du Ghana, du Sénégal, du Niger, mais aussi de la diaspora africaine en Europe et en Amérique. Pour beaucoup, Sankara reste le symbole d’une Afrique debout, fière de ses racines et résolue à tracer sa propre voie.
Sankara, figure intemporelle de l’émancipation africaine
L’héritage de Thomas Sankara ne se limite pas à son parcours politique. Il incarne une vision novatrice du développement, fondée sur l’autosuffisance alimentaire, la lutte contre la corruption, la promotion des droits des femmes et l’unité africaine. Son discours à l’ONU en 1984, appelant à l’annulation de la dette africaine, reste gravé dans les mémoires comme un acte de courage et de lucidité.
Aujourd’hui, de nombreux jeunes Burkinabè et Africains voient en Sankara un modèle de leadership authentique, loin des compromissions et des calculs politiciens. Son engagement pour la justice sociale, la santé publique (campagnes de vaccination de masse, accès à l’eau potable), l’éducation et la culture (valorisation des langues nationales, encouragement de la création artistique) inspire de nouvelles initiatives citoyennes à travers le continent.
Un monument pour la réconciliation et la justice
L’inauguration du mausolée intervient dans un contexte de quête de vérité et de justice. Après des décennies de silence, le procès de l’assassinat de Sankara et de ses compagnons a permis de lever une partie du voile sur les responsabilités et les complicités. Pour les familles des victimes, ce mausolée est à la fois un lieu de mémoire et un symbole de réparation.
La société civile burkinabè, très active dans la défense des droits humains, voit dans ce geste un pas important vers la réconciliation nationale. De nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité de poursuivre la lutte contre l’impunité et de renforcer l’État de droit. Le mausolée devient ainsi un espace de dialogue, d’échanges et de construction d’une citoyenneté responsable.
Sankara et la jeunesse : un héritage vivant
Au-delà de la commémoration, le mausolée se veut un laboratoire d’idées et d’engagement. Des associations de jeunes, des mouvements féministes, des collectifs d’artistes et d’intellectuels s’y retrouvent pour débattre des grands enjeux du Burkina Faso et de l’Afrique contemporaine. L’esprit sankariste, fait de rigueur, d’audace et de solidarité, irrigue aujourd’hui de nombreux projets sociaux, économiques et culturels.
Pour la jeunesse africaine, souvent confrontée au chômage, à l’exil ou à la désillusion politique, Sankara représente la possibilité d’un autre avenir. Son message d’espoir, de responsabilité et de confiance en soi demeure d’une brûlante actualité.
Conclusion
L’inauguration du mausolée Thomas Sankara n’est pas seulement un acte mémoriel : c’est un appel à l’action, à l’engagement citoyen et à la construction d’une Afrique digne, souveraine et solidaire. Ce monument, ouvert à tous, invite à réfléchir sur le sens de l’histoire, la force des convictions et la nécessité de transmettre aux générations futures les valeurs de justice, de liberté et de fraternité. Plus que jamais, Sankara vit dans le cœur de l’Afrique.
