Le Burkina Faso en pointe sur la résilience climatique
Le Pays des Hommes Intègres s’est imposé comme un acteur-clé des enjeux climatiques africains lors du Forum Sankara, qui s’est tenu à Ouagadougou en octobre 2025. À l’heure où l’Afrique paie le plus lourd tribut au changement climatique malgré sa faible part dans les émissions mondiales (4% du CO2 selon la Banque mondiale), le Burkina multiplie les initiatives pour renforcer la résilience et adapter ses infrastructures à une nouvelle réalité environnementale.
Des pertes économiques majeures
Entre 2000 et 2015, le pays a perdu près de 2% de son PIB annuel en raison d’événements climatiques extrêmes. Les sécheresses, inondations et épisodes de chaleur intense affectent l’agriculture, la sécurité alimentaire et la stabilité des communautés rurales. Cette situation oblige le gouvernement à revoir périodiquement ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris, avec un objectif de réduction de 29,42% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Mobilisation nationale et internationale
Sous l’impulsion de la Direction générale de la recherche et de l’eau (DGRE) et de l’ANAM, le Burkina Faso a installé des stations radio-sondages et développé des systèmes de prévision météo de pointe, appuyés par l’Organisation mondiale météorologique. Cette mobilisation technique et humaine vise à améliorer la gestion des risques climatiques et à fournir des données fiables aux populations, aux agriculteurs et aux entreprises.
Le Forum Sankara a rassemblé plus de 550 participants venus d’Afrique et du monde, fédérant experts, investisseurs, ONG et pouvoirs publics autour de stratégies d’adaptation, de transfert de compétences et de gouvernance environnementale.
Les réformes et la participation citoyenne
Christine Ouedraogo Tapsoba, directrice DGRE, souligne l’importance d’une assistance toujours plus ciblée pour prévenir les effets des extrêmes climatiques. Les réformes en cours visent à favoriser l’autonomisation énergétique, la gestion durable de l’eau et la modernisation des infrastructures rurales. Les discussions ont aussi porté sur la transparence et les responsabilités des ONG, essentiels dans la lutte contre le blanchiment et la bonne allocation des fonds verts.
Une vision inclusive et solidaire
Le Premier ministre du Burkina a appelé à une mobilisation accrue de la diaspora pour soutenir l’émergence d’un secteur privé local, compétitif et responsable, refusant la logique de prédation et prônant le transfert de compétences dans l’économie verte. L’enjeu n’est pas seulement technique, il est aussi politique et citoyen : faire du climat un vecteur d’innovation et de développement solidaire, au bénéfice des plus vulnérables.
Perspectives pour l’Afrique
Ce Forum Sankara s’inscrit dans une dynamique continentale destinée à positionner l’Afrique comme acteur proactif dans la gouvernance climatique. Grâce à une couverture météorologique renforcée et à la promotion de l’agriculture intelligente, le Burkina Faso veut inspirer ses voisins et prouver qu’une gestion intégrée du climat peut devenir un atout de compétitivité régionale.
L’Afrique, bien qu’ayant produit peu de pollution mondiale, a désormais l’occasion de peser sur les négociations internationales et de défendre ses intérêts à l’heure de la transition écologique.