Dans la nuit du 2 au 3 mai 2025, l’hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) situé à Old Fangak, dans le nord du Soudan du Sud, a été bombardé, causant la mort d’au moins sept personnes et faisant plusieurs dizaines de blessés, selon les autorités locales et l’ONG. Cette attaque s’inscrit dans un contexte de conflit armé prolongé qui ravage le pays depuis plus de deux ans, plongeant des millions de civils dans une crise humanitaire sans précédent.
Un hôpital ciblé en pleine zone de conflit
L’hôpital de MSF à Old Fangak était l’un des rares établissements de santé fonctionnels dans cette région isolée et en proie à des affrontements entre factions armées. L’attaque, survenue à 4 heures du matin, a détruit la pharmacie et gravement endommagé les infrastructures médicales, privant ainsi la population locale d’un accès vital aux soins48.
Selon MSF, plus de 80 attaques ont ciblé leurs équipes, véhicules et structures depuis le début du conflit, illustrant la dangerosité extrême pour le personnel humanitaire. Ce bombardement s’ajoute à une série d’actions violentes qui entravent l’acheminement de l’aide et aggravent la détresse des civils.

Une crise humanitaire qui s’aggrave
Le conflit opposant les Forces de soutien rapide (FSR) aux Forces armées soudanaises (FAS) a déplacé plus de 13 millions de personnes, dont près de 9 millions à l’intérieur du pays et 4 millions réfugiés dans les pays voisins26. Ces populations vivent souvent dans des camps surpeuplés et manquent d’accès à la nourriture, à l’eau potable, aux soins médicaux et aux services de base.
Médecins Sans Frontières souligne que 60 % des 50 millions d’habitants du Soudan ont aujourd’hui besoin d’aide humanitaire urgente. La situation sanitaire est critique : épidémies de rougeole, choléra et diphtérie se propagent, tandis que la malnutrition aiguë touche une part importante des femmes enceintes et des enfants.
Effondrement du système de santé
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte que plus de 70 % des établissements de santé dans les zones de conflit sont fermés ou à peine opérationnels. Le personnel médical est régulièrement menacé, agressé ou tué, et les infrastructures sont souvent détruites ou pillées5.
Cette situation dramatique limite l’accès aux soins essentiels et accroît la mortalité liée aux blessures de guerre, aux maladies évitables et aux complications obstétricales. MSF a pris en charge plus de 1,7 million de patients depuis avril 2023, dont plus de 320 000 aux urgences.

Appels à la communauté internationale
MSF et d’autres acteurs humanitaires appellent à la protection des civils, du personnel médical et des infrastructures, conformément au droit international humanitaire. Ils demandent la levée immédiate des restrictions entravant la circulation des aides et du personnel, en particulier avant la saison des pluies qui menace d’isoler davantage les populations.
La communauté internationale est invitée à renforcer son soutien financier et logistique pour répondre à l’ampleur de la crise, qui reste largement sous-estimée et insuffisamment couverte.