La Bolivie est une nouvelle fois secouée par une crise politique majeure. Le parquet bolivien a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « terrorisme » visant l’ancien président Evo Morales, figure emblématique de la gauche latino-américaine. Cette procédure, qui intervient dans un climat de tensions croissantes entre le pouvoir et l’opposition, soulève de nombreuses interrogations sur l’état de la démocratie bolivienne, la séparation des pouvoirs et l’avenir du pays.
Un contexte politique explosif
Depuis la fin du mandat d’Evo Morales en 2019, la Bolivie traverse une période d’instabilité marquée par des alternances brutales, des accusations de fraude électorale, des manifestations massives et une polarisation extrême de la société. Morales, contraint à l’exil puis revenu sur la scène politique, reste une figure clivante, adulée par ses partisans et honnie par ses adversaires.
L’ouverture de l’enquête pour « terrorisme » s’inscrit dans une stratégie de durcissement du pouvoir en place, qui entend affaiblir l’opposition et prévenir tout retour en force de Morales. Selon le parquet, l’ancien président serait impliqué dans des actes de sabotage, d’incitation à la violence et de déstabilisation des institutions. Les preuves avancées reposent sur des écoutes téléphoniques, des témoignages et des documents saisis lors de perquisitions.
Réactions et mobilisation de l’opposition
L’annonce de l’enquête a immédiatement provoqué une levée de boucliers de la part de l’opposition, qui dénonce une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Les partisans de Morales organisent des rassemblements dans plusieurs villes du pays, exigeant la fin des poursuites et le respect des droits fondamentaux. Des ONG internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, appellent à la vigilance et à la garantie d’un procès équitable.
La société civile bolivienne, déjà éprouvée par des années de crises, s’inquiète d’une nouvelle dérive autoritaire. Les médias indépendants mettent en avant le risque d’un recul de la liberté d’expression et d’un verrouillage du débat public.
Les enjeux pour la démocratie bolivienne
L’affaire Morales pose la question de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice. De nombreux analystes estiment que l’utilisation de l’accusation de « terrorisme » contre des opposants politiques constitue une menace pour l’État de droit et la stabilité institutionnelle. Le précédent de 2019, marqué par des violences post-électorales et la démission forcée de Morales, reste dans toutes les mémoires.

Le gouvernement, de son côté, affirme agir dans le respect de la loi et de la Constitution, et promet de faire toute la lumière sur les faits reprochés à l’ancien président. Il appelle au calme et à la confiance dans les institutions, tout en mettant en garde contre toute tentative de déstabilisation.
Les répercussions internationales
La crise bolivienne suscite l’inquiétude de la communauté internationale. Plusieurs pays d’Amérique latine, ainsi que l’Union européenne, appellent au respect des droits de l’opposition et à la préservation du dialogue politique. Les États-Unis, tout en évitant de prendre parti ouvertement, suivent de près l’évolution de la situation et appellent à la retenue.
La Bolivie, riche en ressources naturelles et dotée d’un potentiel économique important, joue un rôle stratégique dans la région andine. Toute déstabilisation pourrait avoir des conséquences sur les marchés, les investissements et la coopération régionale.
Vers une sortie de crise ?
Pour de nombreux observateurs, l’avenir de la Bolivie dépendra de la capacité des acteurs politiques à renouer le dialogue et à garantir un espace démocratique ouvert. La société civile, les Églises et les organisations citoyennes sont appelées à jouer un rôle de médiation et à promouvoir la réconciliation nationale.
L’enquête contre Evo Morales, quelle qu’en soit l’issue, restera un test pour la démocratie bolivienne et pour la crédibilité des institutions. Elle rappelle que la consolidation de l’État de droit passe par le respect des droits de l’opposition, la transparence et la justice indépendante.