Introduction
Le Bénin et le Togo, longtemps considérés comme des havres de stabilité en Afrique de l’Ouest, font désormais face à une vague inédite d’attaques terroristes. Les groupes djihadistes, repoussés par les armées du Sahel, étendent leur influence vers les pays côtiers du golfe de Guinée. Cette évolution inquiète les autorités nationales, les populations locales et la communauté internationale, qui redoutent une nouvelle ère d’insécurité régionale.
Un phénomène en pleine expansion
Depuis 2021, les attaques armées se sont multipliées dans le nord du Bénin et du Togo. Les groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) mènent des incursions de plus en plus audacieuses, ciblant à la fois les forces de sécurité et les civils.
La semaine dernière, une attaque particulièrement meurtrière a frappé une base militaire béninoise près de la frontière burkinabè, faisant plus de cinquante morts parmi les soldats et provoquant un choc national. Au Togo, plusieurs villages du nord ont été la cible de raids, forçant des milliers de personnes à fuir vers le sud.
Les causes de l’extension de la menace
Les experts s’accordent à dire que la pression militaire accrue au Mali, au Burkina Faso et au Niger pousse les groupes djihadistes à chercher de nouveaux sanctuaires. Les frontières poreuses, la faiblesse des dispositifs sécuritaires et la pauvreté des zones frontalières facilitent leur implantation.
Les groupes armés exploitent aussi les tensions locales, notamment les conflits entre agriculteurs et éleveurs, pour recruter et s’implanter durablement. Ils profitent du manque de services publics et de la défiance envers l’État pour gagner la confiance de certaines communautés.
Une réponse sécuritaire et régionale
Face à cette menace, les gouvernements béninois et togolais ont renforcé leur coopération sécuritaire. Des opérations conjointes avec les armées du Burkina Faso et du Ghana ont été lancées pour tenter de repousser les groupes armés. Les États-Unis et la France apportent un appui logistique, du renseignement et de la formation aux forces locales.
Cependant, la réponse militaire seule ne suffit pas. Les autorités cherchent aussi à renforcer la résilience des communautés, à travers des programmes de développement, l’amélioration de l’accès à l’éducation et la création d’emplois pour les jeunes, souvent les premières cibles du recrutement djihadiste.

L’impact sur les populations
Les conséquences pour les populations civiles sont dramatiques. Des milliers de personnes ont été déplacées, abandonnant leurs maisons, leurs champs et leurs écoles. L’accès à l’aide humanitaire devient de plus en plus difficile dans certaines zones, exposant les plus vulnérables à la faim, à la maladie et à l’insécurité.
Les femmes et les enfants paient un lourd tribut, victimes de violences, d’enlèvements et d’exploitation. Les écoles ferment, les marchés se vident, et la peur s’installe dans des régions autrefois paisibles.
La coopération régionale, une nécessité
La montée de l’extrémisme dans le golfe de Guinée rappelle l’importance d’une réponse régionale coordonnée. L’Initiative d’Accra, qui regroupe plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, vise à mutualiser les efforts de renseignement, de formation et de prévention. Mais les défis restent immenses, notamment en matière de financement, de partage d’informations et de respect des droits humains dans la lutte contre le terrorisme.
Les attentes de la communauté internationale
L’ONU, l’Union africaine et la CEDEAO appellent à un soutien accru à la région, soulignant que la stabilité du golfe de Guinée est essentielle à la sécurité de tout le continent. Des fonds d’urgence ont été débloqués pour l’aide humanitaire, mais les besoins dépassent largement les ressources disponibles.
Conclusion
La progression du terrorisme au Bénin et au Togo marque une nouvelle étape dans la crise sécuritaire ouest-africaine. Pour éviter que le golfe de Guinée ne devienne le nouvel épicentre de l’extrémisme, une mobilisation sans précédent s’impose, mêlant sécurité, développement et cohésion sociale. Le défi est immense, mais la stabilité de toute la région en dépend.