La Haute Cour d’Australie a rejeté, le 15 juillet 2025, le recours historique intenté par un collectif d’Aborigènes du détroit de Torres contre le gouvernement fédéral. Ils l’accusaient d’avoir manqué à son devoir de protection climatique, alors que la montée rapide des eaux menace directement leur mode de vie, leur territoire ancestral et leur sécurité alimentaire. Cette décision, très attendue, témoigne des difficultés croissantes pour les peuples autochtones à obtenir justice environnementale dans un contexte mondial de crise climatique.
Un combat emblématique pour la survie et les droits fondamentaux
Les requérants, issus de plusieurs îles du nord du Queensland, affirmaient que l’inaction de Canberra vis-à-vis des émissions de gaz à effet de serre mettait en péril leur existence séculaire. L’érosion des plages, la salinisation des terres cultivables, la perte des sites sacrés et la disparition annoncée de certaines îles constituent des menaces existentielles documentées par les scientifiques et reconnues par l’ONU depuis 2019.
Pour les Aborigènes, ce rejet judiciaire est vécu comme un camouflet supplémentaire : « Nous sommes la première ligne du front climatique », déclare Margaret Aki, figure du mouvement. « Le gouvernement doit agir avant que nos îles ne soient englouties. »
Un arrêt qui relance le débat sur la justice climatique en Australie
La Cour a jugé, dans une décision partagée, que le gouvernement respectait « ses obligations générales » mais a invité Canberra à « accélérer ses plans d’adaptation et de compensation ». Les communautés locales restent sceptiques, pointant l’insuffisance des budgets d’infrastructures, la lenteur de l’aide à la relocalisation et la dérive rhétorique autour du « zéro émission » affiché pour 2050.

Les ONG environnementales, dont Greenpeace Australie et The Climate Council, regrettent une « occasion manquée d’envoyer un signal fort au reste du monde ». Elles rappellent que d’autres communautés – en Polynésie, dans les Caraïbes, en Afrique de l’Est – observent de près ce contentieux qui pourrait inspirer de nouvelles batailles judiciaires internationales.
Mobilisation, science et perspectives d’avenir
Sur le terrain, la mobilisation ne faiblit pas. Des scientifiques de l’Université de Sydney viennent de publier un rapport alarmant : certaines îles du détroit de Torres pourraient devenir inhabitables dès 2035, faute de mesures d’urgence. Une réunion extraordinaire du Conseil des îles du détroit de Torres est prévue la semaine prochaine pour examiner de nouveaux recours et organiser une marche symbolique vers le Parlement de Brisbane.
Pour la classe politique australienne, l’heure est à la recherche d’un « compromis entre sauvegarde des territoires et continuité économique ». Mais pour beaucoup, la décision du 15 juillet risque de devenir le symbole d’une justice climatique encore inaboutie – et d’une politique nationale en décalage avec les réalités des populations en première ligne du changement climatique.