Deux ans après la fin du conflit de Gaza, le Moyen‑Orient se transforme à une vitesse historique. Riyad et Téhéran, longtemps ennemis jurés, deviennent les pôles d’une nouvelle région multipolaire où les États redéfinissent leurs alliances loin de la tutelle occidentale.
Les accords de réconciliation facilités par la Chine en 2024 ont ouvert la voie à une détente inédite : réouverture des ambassades, coopération pétrolière, dialogue sécuritaire sur le Yémen. L’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran, longtemps rivales pour l’influence religieuse et stratégique, expérimentent désormais un pragmatisme diplomatique qui surprend autant qu’il inquiète.
En fond, la Palestine reste la plaie béante de la région. Après des années d’affrontements, la bande de Gaza a sombré dans une reconstruction difficile. Les nouvelles autorités gazaouies, soutenues par le Qatar et l’Égypte, peinent à stabiliser un territoire dévasté où la société civile lutte pour survivre.
Pendant ce temps, la réorganisation régionale bat son plein. L’Arabie saoudite, riche de son plan Vision 2030, se positionne en centre névralgique du Moyen‑Orient 2.0 : économie diversifiée, diplomatie neutre et ouverture culturelle. L’Iran, allégé de certaines sanctions grâce à la médiation asiatique, multiplie les accords d’armement avec la Russie et la Chine.

Les États‑Unis, affaiblis, perdent leur hégémonie régionale. Le Pentagone réduit ses bases tandis que la Turquie et les Émirats arabes unis avancent leurs pions dans la course au leadership économique et technologique.
Ce réalignement inédit pourrait dessiner un arc énergétique allant du Golfe persique à la mer Rouge, incluant les pays africains riverains. L’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie aspirent déjà à intégrer ces nouveaux circuits économiques et logistiques.
Ainsi, le Moyen‑Orient d’après‑Gaza n’est plus celui des années Bush ou Obama : il s’éloigne du monde occidental pour se fondre dans l’ordre sino‑eurasien qui s’impose. L’Afrique doit y trouver sa place, non plus en observateur, mais en acteur – par sa proximité géographique, sa production énergétique et sa diplomatie d’équilibre.
La recomposition autour de Riyad et Téhéran pourrait bien annoncer l’ère d’un Moyen‑Orient‑Afrique interconnecté, cœur du commerce énergétique du XXIᵉ siècle.