Chapeau
L’Angola enregistre une progression remarquable de ses crédits au secteur non financier, atteignant 7,8 milliards de kwanzas en mars 2025. Cette dynamique traduit la volonté du pays de diversifier son économie, de soutenir l’investissement privé et d’accélérer la transformation structurelle de son tissu productif, longtemps dominé par le pétrole.
Un secteur bancaire en mutation
Le secteur bancaire angolais, historiquement concentré sur le financement des activités pétrolières et parapétrolières, s’ouvre progressivement à l’économie réelle. Les données de la Banque nationale d’Angola révèlent que le volume des crédits accordés au secteur non financier a atteint un niveau record, illustrant une réorientation stratégique vers l’agriculture, l’industrie, les services et les PME.

Cette évolution s’inscrit dans le cadre des réformes engagées par le gouvernement pour moderniser le système financier, renforcer la transparence et améliorer la gouvernance bancaire. L’objectif affiché est de canaliser davantage de ressources vers les secteurs créateurs d’emplois et de valeur ajoutée, condition essentielle à la résilience de l’économie angolaise.
Diversification économique : une priorité nationale
Depuis la crise pétrolière de 2014, l’Angola a pris conscience de la vulnérabilité de son modèle de croissance, fondé sur l’exportation d’hydrocarbures. Le Plan national de développement 2023-2027 met l’accent sur la diversification, avec des mesures incitatives pour soutenir l’agro-industrie, les infrastructures, la pêche, l’énergie renouvelable et le tourisme.
Le dynamisme du crédit au secteur non financier reflète l’intérêt croissant des banques pour ces nouveaux segments. Les PME, longtemps exclues du financement formel, bénéficient désormais de lignes de crédit dédiées, de garanties publiques et de programmes d’accompagnement technique.
Impact sur l’investissement et la croissance
L’augmentation du crédit bancaire favorise la création d’entreprises, l’innovation et la montée en gamme de la production locale. Les investissements dans l’agro-industrie, par exemple, permettent de réduire la dépendance alimentaire du pays, d’exporter des produits transformés et de créer des emplois ruraux.
Dans le secteur industriel, les financements soutiennent la modernisation des équipements, l’adoption de nouvelles technologies et la formation de la main-d’œuvre. Les services, notamment la logistique, le numérique et la santé, profitent également de cette nouvelle dynamique de financement.
Défis et perspectives
Malgré ces avancées, des défis subsistent. Le coût du crédit reste élevé, en raison du niveau de risque perçu par les banques et de la volatilité macroéconomique. Le taux de bancarisation demeure faible, particulièrement en zone rurale, limitant l’accès aux financements pour une grande partie de la population.
La Banque nationale d’Angola poursuit ses efforts pour stabiliser l’inflation, renforcer la supervision bancaire et promouvoir l’inclusion financière. L’adoption de solutions fintech, la digitalisation des services et la création de plateformes de microcrédit sont autant de leviers pour élargir l’accès au crédit.
Conclusion
Le franchissement du seuil de 7,8 milliards de kwanzas de crédits au secteur non financier marque une étape importante dans la transformation de l’économie angolaise. Ce mouvement vers la diversification et l’investissement productif ouvre la voie à une croissance plus inclusive, durable et résiliente, à condition de poursuivre les réformes et d’accompagner les acteurs économiques dans la modernisation de leurs activités.