Introduction
Le 6 mai 2025, après un second tour parlementaire d’une intensité rare, Friedrich Merz a été élu chancelier de la République fédérale d’Allemagne. Cette élection, qui marque la fin de l’ère Olaf Scholz, intervient dans un contexte européen tendu, entre défis économiques, montée des populismes et pressions géopolitiques accrues. Le choix de Merz, figure du centre-droit et ancien patron du groupe CDU/CSU, ouvre une nouvelle page pour l’Allemagne, locomotive politique et économique de l’Union européenne. Quels sont les enjeux de ce tournant ? Quelles perspectives pour Berlin, l’Europe et la scène internationale ?
Un scrutin sous haute tension
Un second tour décisif au Bundestag
Après des semaines de tractations et d’incertitude, le Bundestag a dû procéder à un second tour pour départager les candidats à la chancellerie. Friedrich Merz, fort du soutien de la CDU/CSU, mais aussi d’alliances ponctuelles avec des libéraux et des conservateurs, l’a emporté face à une gauche fragmentée et un SPD affaibli par les divisions internes. Son élection met fin à une période de transition marquée par l’instabilité et l’attente de réformes majeures.
Une victoire saluée et contestée
Si une partie de la classe politique et des milieux économiques salue la victoire de Merz comme un retour à la rigueur et à la stabilité, d’autres voix, notamment chez les Verts et à l’extrême gauche, redoutent une inflexion conservatrice, notamment sur les questions sociales, migratoires et climatiques.
Le profil de Friedrich Merz
Un homme d’affaires au parcours politique atypique
Avocat, ancien dirigeant du groupe BlackRock en Allemagne, Merz s’est imposé comme un défenseur de l’orthodoxie budgétaire et de la compétitivité allemande. Son retour en politique active, après une décennie dans le secteur privé, a été marqué par une volonté de recentrer la CDU sur ses valeurs traditionnelles : responsabilité fiscale, soutien à l’industrie et fermeté sur l’immigration.

Un discours de rassemblement et de réformes
Dans son discours d’investiture, Merz a appelé à « rassembler l’Allemagne autour de ses valeurs fondamentales » et à « restaurer la confiance dans la politique et l’économie de marché sociale ». Il a promis de relancer la croissance, d’investir dans la transition énergétique et de renforcer la sécurité intérieure.
Les défis pour l’Allemagne
Relance économique et compétitivité
L’économie allemande, longtemps moteur de la zone euro, est confrontée à un ralentissement de la croissance, à la désindustrialisation de certains secteurs et à la concurrence accrue des États-Unis et de la Chine. Merz mise sur l’innovation, la digitalisation et une politique industrielle ambitieuse pour relancer la machine économique.
Transition énergétique et climat
L’Allemagne doit accélérer sa sortie du charbon et du nucléaire, tout en garantissant la sécurité énergétique dans un contexte de tensions avec la Russie et de hausse des prix du gaz. Merz promet d’investir massivement dans les énergies renouvelables, mais reste prudent sur l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2045.
Immigration et cohésion sociale
La gestion de la migration reste un dossier sensible. Merz prône une politique d’immigration « ordonnée et qualifiée », tout en renforçant les contrôles aux frontières et l’intégration des nouveaux arrivants. Il devra composer avec une société allemande de plus en plus diverse et polarisée.
Les enjeux européens
Relance de l’axe franco-allemand
Dès le lendemain de son élection, Merz a prévu une visite à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron. Les deux dirigeants souhaitent relancer l’axe franco-allemand, pilier de l’intégration européenne, alors que l’UE doit faire face à la montée des souverainismes, à la réforme du pacte de stabilité et à la gestion des crises extérieures (Ukraine, Proche-Orient).
Réforme de l’Union européenne
Merz s’est prononcé pour une Europe « plus efficace, plus souveraine et plus responsable ». Il soutient une réforme des institutions, une politique de défense commune et une accélération de l’élargissement vers les Balkans occidentaux.

Les réactions internationales
Attentes et prudence
Les partenaires de l’Allemagne, notamment aux États-Unis, en Chine et en Russie, observent avec attention ce changement de cap. Washington attend de Berlin un engagement accru sur les questions de défense et de sécurité, tandis que Moscou espère une ouverture au dialogue malgré les tensions sur l’Ukraine.
L’Allemagne, médiatrice et puissance responsable
Merz souhaite maintenir le rôle de médiateur de l’Allemagne dans les crises internationales, tout en renforçant ses capacités de défense dans le cadre de l’OTAN et de l’UE.
Conclusion
L’élection de Friedrich Merz à la chancellerie allemande marque un tournant politique majeur pour l’Allemagne et l’Europe. Entre rigueur budgétaire, relance industrielle et ambitions européennes, Merz devra faire preuve de leadership et d’équilibre pour répondre aux attentes d’une société en mutation et d’une Europe en quête de repères.