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Algérie : Suspension levée pour la chaîne El Watan après médiation syndicale

par Africanova
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Un climat tendu pour la liberté de la presse

Le paysage médiatique algérien a vécu une semaine de turbulences après l’annonce, le 10 juillet 2025, de la suspension administrative de la chaîne privée El Watan. Cette mesure, officiellement motivée par des « manquements à la législation sur la publicité publique et la couverture jugée partisane de sujets politiques sensibles », avait soulevé une vive émotion auprès des reporters, ONG locales et organisations internationales de défense de la presse.

El Watan, connu pour ses enquêtes sur la corruption, la gouvernance et les questions sociales, avait été coupé du signal quelques jours seulement après la diffusion d’un reportage accablant sur la gestion des budgets municipaux. Le Syndicat National des Journalistes et Reporters (SNJR) a qualifié la suspension de « sanction politique déguisée ».

Négociations, médiation et retour à l’antenne

Sous la pression des syndicats, de la société civile, et face à une vague de solidarité sur les réseaux sociaux, une médiation rapide a été engagée. Les discussions ont impliqué le SNJR, le ministère de la Communication, et des représentants de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV).

Le 16 juillet, la reprise complète des émissions a été autorisée. En contrepartie, la chaîne s’engage à renforcer sa « charte éthique », à réorganiser sa grille pour plus d’équilibre entre débats politiques et contenus éducatifs, et à intégrer des dispositifs internes d’autocontrôle éditorial.

Soulagement dans la profession, mais inquiétudes persistantes

La réouverture a été saluée par les journalistes et une partie importante de la population, qui voit dans El Watan une rare voix critique dans un contexte de concentration des médias publics. La mesure est présentée comme « provisoire », mais de nombreux analystes y voient un test pour la solidification juridique de la liberté d’expression en Algérie.

Reporters sans frontières classe toujours l’Algérie au 136e rang mondial pour la liberté de la presse, après une année marquée par la fermeture de plusieurs titres indépendants ou la mise en examen de chroniqueurs influents.

People attend a demonstration in Paris on July 5, 2020 in support of Algeria’s Hirak key protest movement as Algeria celebrates today the anniversary of its 1962 independence from France. (Photo by FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Les défis pour la presse indépendante

La profession réclame la réforme de la loi sur la publicité publique (condition du pluralisme économique), la création d’un fonds d’aide pour les médias d’investigation, et une véritable autonomie des instances régulatrices. Les jeunes journalistes organisent régulièrement des forums sur les campus pour « sauver l’esprit critique », tandis que les groupes de presse estiment que sans changement de fond, la précarité et l’autocensure resteront la norme.

Quelle évolution pour la liberté de presse en Algérie ?

Le gouvernement promet une révision du code de la presse pour la rentrée afin de mieux équilibrer « responsabilité sociale » et « pluralisme des opinions ». Mais la société civile reste sur le qui-vive, accusant l’exécutif de « jeter de la poudre aux yeux » à chaque incident médiatique majeur.

Dans ce climat, la levée de la suspension d’El Watan marque un répit, mais aussi un moment de vérité pour la capacité du pays à faire vivre un journalisme d’enquête indépendant, condition sine qua non de la transition démocratique et de la transparence.

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