Une grève inédite secoue les hôpitaux algériens
L’Algérie traverse une crise sanitaire majeure alors que les médecins du secteur public ont lancé une grève nationale illimitée à partir du 28 mai. Des milliers de praticiens, internes, généralistes et spécialistes, ont déserté les hôpitaux et centres de santé pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail, la faiblesse des salaires et le manque chronique de moyens. Cette mobilisation sans précédent, qui touche tout le pays, met en lumière les failles d’un système de santé à bout de souffle et suscite l’inquiétude des patients et de leurs familles.
Les faits : un mouvement massif et suivi
Dès les premières heures de la grève, de nombreux hôpitaux d’Alger, Oran, Constantine, Annaba et Tizi Ouzou ont vu leurs services tourner au ralenti. Les urgences restent assurées, mais les consultations, les opérations non vitales et les examens spécialisés sont suspendus. Les syndicats, réunis au sein du Collectif autonome des médecins algériens, affirment que plus de 80 % des effectifs participent au mouvement.
Les médecins réclament une revalorisation salariale, des recrutements massifs pour pallier la pénurie de personnel, la modernisation des équipements et la sécurisation des établissements de santé. Ils dénoncent aussi la précarité des jeunes praticiens, souvent contraints de cumuler plusieurs emplois ou de s’expatrier pour survivre.
Un système de santé à bout de souffle
La grève des médecins révèle l’ampleur de la crise que traverse le secteur public algérien. Les hôpitaux souffrent d’un manque criant de moyens : pénurie de médicaments, de matériel de base, de lits et de personnel. Les équipements, souvent obsolètes, rendent difficile la prise en charge des patients, notamment en cancérologie, cardiologie et réanimation.
La pandémie de Covid-19 a aggravé la situation, mettant en lumière les carences structurelles et l’épuisement du personnel. De nombreux médecins témoignent de conditions de travail « indignes », avec des gardes de 24 à 36 heures, des salaires inférieurs à 400 euros par mois et une absence de reconnaissance professionnelle.
Les conséquences pour les patients
Pour les malades, la grève est un nouveau coup dur. Les files d’attente s’allongent, les rendez-vous sont reportés sine die et les urgences débordent. Les patients atteints de maladies chroniques, de cancers ou nécessitant des interventions chirurgicales sont les plus impactés. Certains se tournent vers le secteur privé, mais les coûts restent prohibitifs pour la majorité de la population.
Des associations de patients appellent à la responsabilité des deux parties et réclament un dialogue rapide pour éviter une catastrophe sanitaire. « Nous comprenons la colère des médecins, mais nous ne pouvons pas être les otages de ce conflit », explique la présidente de l’Association des malades chroniques d’Algérie.
Les réactions : soutien, inquiétude et pression sur le gouvernement
La grève a reçu le soutien de nombreux syndicats, d’étudiants en médecine et de citoyens lassés de la dégradation du système de santé. Sur les réseaux sociaux, les témoignages de médecins épuisés et de patients en détresse se multiplient sous le hashtag #MédecinsEnColère.
Le gouvernement, de son côté, appelle à la responsabilité et promet l’ouverture de négociations. Le ministère de la Santé affirme avoir débloqué des fonds pour l’achat de matériel et l’amélioration des salaires, mais les syndicats jugent ces mesures insuffisantes et exigent un plan d’urgence global.

Les enjeux pour l’avenir du système de santé algérien
La crise actuelle met en lumière la nécessité d’une réforme en profondeur du secteur. Les experts appellent à repenser la gouvernance des hôpitaux, à investir massivement dans la formation, la recherche et l’innovation, et à renforcer la prévention et l’accès aux soins primaires. La fuite des cerveaux, qui prive le pays de milliers de médecins chaque année, doit être endiguée par une politique de valorisation et de fidélisation des talents.
Le défi est immense : garantir un accès équitable à des soins de qualité pour tous, dans un contexte de pression démographique, de vieillissement de la population et de transition épidémiologique.
Perspectives : vers une sortie de crise ?
Pour sortir de l’impasse, un dialogue sincère et constructif entre le gouvernement et les syndicats est indispensable. Les médecins réclament des engagements clairs et des mesures concrètes à court et moyen terme. La société civile, les associations de patients et les experts doivent être associés à la réflexion pour bâtir un système de santé plus résilient et plus humain.
Conclusion : la santé publique, un enjeu national
La grève des médecins algériens est un signal d’alarme. Elle rappelle que la santé est un droit fondamental et que sa préservation doit être une priorité nationale. Le pays a les moyens et les compétences pour réformer son système de santé : il lui faut désormais la volonté politique et l’engagement de tous.