Chapeau
L’Algérie se retrouve sous les projecteurs en 2025, tiraillée entre un discours officiel d’hospitalité envers les migrants subsahariens et la réalité d’expulsions massives à ses frontières. Ce paradoxe interroge la politique migratoire du pays, la gestion des flux migratoires en Afrique du Nord et le respect des droits humains dans un contexte de pressions économiques et sécuritaires croissantes.
Une politique migratoire ambivalente
Depuis plusieurs années, l’Algérie est à la fois pays de transit et de destination pour des milliers de migrants venus d’Afrique de l’Ouest et centrale. Le gouvernement affiche une volonté d’hospitalité et évoque régulièrement la contribution des migrants à l’économie nationale, notamment dans les secteurs du bâtiment, de l’agriculture et des services.
En 2025, le président Abdelmadjid Tebboune a même évoqué la possibilité de légaliser certains travailleurs sans papiers, dans un discours salué par les associations de défense des droits des migrants. Pourtant, sur le terrain, la réalité est tout autre : les opérations d’expulsions massives se multiplient, souvent dans des conditions dénoncées par les ONG internationales.
Expulsions massives et critiques internationales
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), des milliers de migrants subsahariens ont été expulsés d’Algérie vers le Niger et le Mali depuis le début de l’année 2025. Les ONG dénoncent des pratiques brutales : arrestations arbitraires, absence de procédure légale, abandons dans le désert et séparation de familles.
Les autorités algériennes justifient ces expulsions par la nécessité de lutter contre l’immigration irrégulière, la criminalité transfrontalière et le trafic de personnes. Elles insistent sur la coopération avec les pays voisins et les organisations internationales pour organiser des retours « dignes et volontaires ».
Les enjeux économiques, sociaux et sécuritaires
La présence de migrants subsahariens en Algérie répond à une demande réelle de main-d’œuvre, notamment dans l’économie informelle. Cependant, la précarité de leur situation, l’absence de statut légal et la stigmatisation alimentent les tensions sociales et les discriminations.
Sur le plan sécuritaire, les autorités redoutent l’infiltration de réseaux criminels et la déstabilisation des régions frontalières. Le défi est de concilier sécurité nationale, besoins économiques et respect des engagements internationaux en matière de droits humains.
Vers une réforme de la politique migratoire ?
Face aux critiques, le gouvernement algérien affirme vouloir réformer sa politique migratoire : facilitation de la régularisation, accès aux services de base, lutte contre les discriminations et renforcement de la coopération régionale. Les associations de la société civile réclament une approche plus humaine et inclusive, fondée sur le respect de la dignité des migrants et leur intégration dans la société algérienne.
La réussite de cette réforme dépendra de la capacité des autorités à dialoguer avec tous les acteurs concernés et à mettre en œuvre des mesures concrètes sur le terrain.
Conclusion
L’Algérie, à la croisée des chemins migratoires africains, doit relever le défi d’une politique migratoire équilibrée, respectueuse des droits humains et adaptée à ses réalités économiques et sécuritaires. Entre hospitalité proclamée et expulsions massives, le pays est appelé à inventer un nouveau modèle d’intégration et de gestion des migrations en Afrique du Nord.