Introduction
L’Afrique connaît une transformation économique sans précédent grâce à la montée en puissance du commerce intra-africain. Depuis l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les échanges entre pays africains s’intensifient, créant de nouvelles opportunités pour les entreprises, les entrepreneurs et les populations. Cette dynamique, portée par une volonté politique forte et une jeunesse dynamique, ouvre la voie à une croissance inclusive et à une réduction de la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs.
Contexte : la ZLECAf, un catalyseur historique
La ZLECAf, lancée officiellement en janvier 2021, est la plus grande zone de libre-échange au monde en termes de pays membres (54 sur 55). Son objectif : éliminer progressivement les barrières tarifaires et non tarifaires pour faciliter les échanges de biens et de services entre les États africains. Après des décennies de fragmentation économique, cette initiative vise à créer un marché continental intégré de plus de 1,3 milliard de consommateurs et un PIB combiné de plus de 3 400 milliards de dollars.
Les premiers résultats encourageants
Depuis son lancement, la ZLECAf a déjà permis une hausse significative des échanges intra-africains. Selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA), le commerce intra-africain a augmenté de près de 15 % en 2024, dépassant pour la première fois la barre des 200 milliards de dollars annuels. Les secteurs les plus dynamiques sont l’agroalimentaire, les textiles, les produits manufacturés et les services (finances, télécommunications, transport).
Les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent plus de 80 % de l’emploi sur le continent, sont les premières bénéficiaires de cette ouverture. Elles accèdent à de nouveaux marchés, diversifient leurs débouchés et renforcent leur compétitivité. Les infrastructures de transport et de logistique, bien qu’encore perfectibles, se modernisent pour accompagner cette croissance.
Les avantages du commerce intra-africain
Le développement du commerce intra-africain présente de nombreux avantages :
- Réduction de la dépendance extérieure : l’Afrique importe moins de produits finis des autres continents et valorise davantage ses propres ressources.
- Création d’emplois : la hausse des échanges stimule la demande de main-d’œuvre locale, réduisant le chômage et la pauvreté.
- Diversification économique : les pays africains peuvent se spécialiser dans des secteurs où ils disposent d’avantages comparatifs, favorisant une croissance plus équilibrée.
- Intégration régionale : la ZLECAf renforce les liens entre les pays, favorise la paix et la stabilité, et encourage la coopération dans des domaines clés comme l’énergie, l’eau ou la sécurité alimentaire.
- Innovation et transfert de technologies : les entreprises africaines s’inspirent mutuellement, partagent des bonnes pratiques et investissent dans l’innovation.
Les défis à relever
Malgré ces progrès, le commerce intra-africain reste confronté à plusieurs obstacles :
- Infrastructures déficientes : le manque de routes, de ports et de voies ferrées modernes freine la circulation des marchandises et augmente les coûts de transport.
- Barrières non tarifaires : les procédures douanières complexes, les réglementations divergentes et la corruption continuent d’entraver les échanges.
- Financement insuffisant : les PME africaines manquent de capitaux pour investir, exporter et s’adapter aux normes internationales.
- Instabilité politique et sécuritaire : certains pays sont confrontés à des conflits ou à des crises politiques, ce qui perturbe les échanges et décourage les investisseurs.
Les initiatives pour accélérer l’intégration
Pour surmonter ces défis, plusieurs initiatives sont en cours :
- Modernisation des infrastructures : des projets transcontinentaux, comme le corridor Abidjan-Lagos ou la route transsaharienne, visent à connecter les principales villes et ports africains.
- Harmonisation des réglementations : la ZLECAf encourage l’adoption de normes communes et la simplification des procédures douanières.
- Soutien aux PME : des programmes de financement, de formation et d’accompagnement sont mis en place pour aider les entrepreneurs à saisir les opportunités du marché continental.
- Promotion du commerce électronique : les plateformes numériques, comme Jumia ou Copia, facilitent les échanges entre pays africains et réduisent les coûts de transaction.
Les perspectives d’avenir
L’essor du commerce intra-africain ouvre des perspectives inédites pour le continent. Selon la Banque africaine de développement (BAD), la ZLECAf pourrait générer plus de 450 milliards de dollars de revenus supplémentaires d’ici 2035 et créer des millions d’emplois. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de poursuivre les réformes, d’investir dans les infrastructures et de renforcer les capacités des entreprises africaines.
Conclusion
Le commerce intra-africain est en train de révolutionner l’économie du continent. Porté par la ZLECAf, il favorise la croissance, l’emploi et l’intégration régionale, tout en réduisant la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs. Malgré les défis, la dynamique est enclenchée et l’Afrique s’affirme de plus en plus comme un acteur majeur de l’économie mondiale.
