L’intégration régionale demeure un objectif majeur pour les économies africaines, mais en 2025, le continent fait toujours face à de nombreux obstacles qui freinent la libre circulation des biens, des services et des personnes. Malgré l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et la multiplication des initiatives régionales, les barrières commerciales, tarifaires et non tarifaires, ralentissent la dynamique d’un marché commun africain pourtant porteur d’immenses promesses.
Des avancées institutionnelles, mais des réalités contrastées
La ZLECAf, lancée en 2021, a permis de poser les bases d’un marché unique de plus de 1,4 milliard de consommateurs. Plusieurs communautés économiques régionales (CEDEAO, CEEAC, SADC, EAC) ont harmonisé leurs politiques douanières et facilité certains échanges. Cependant, sur le terrain, les entreprises africaines continuent de buter sur des obstacles majeurs : formalités administratives lourdes, contrôles routiers multiples, corruption, infrastructures déficientes et manque d’interopérabilité des systèmes douaniers.
Les coûts de transport restent parmi les plus élevés au monde, en particulier pour les pays enclavés. Les délais de passage aux frontières, la multiplicité des taxes et la complexité des procédures d’import-export pèsent lourdement sur la compétitivité des PME africaines, qui peinent à accéder aux marchés régionaux.
Barrières non tarifaires et protectionnisme rampant
Au-delà des droits de douane, les barrières non tarifaires constituent le principal frein à l’intégration. Il s’agit notamment des quotas, des normes sanitaires et phytosanitaires, des exigences de certification, mais aussi des restrictions informelles imposées par certains États pour protéger leurs industries nationales. Ce protectionnisme latent freine la diversification des économies et limite l’émergence de chaînes de valeur régionales.
Les acteurs du secteur privé dénoncent également le manque de transparence, l’absence de mécanismes efficaces de règlement des différends et la difficulté à obtenir des informations fiables sur les marchés voisins.

Les enjeux de la digitalisation et de la logistique
La digitalisation des procédures douanières et la modernisation des infrastructures logistiques sont identifiées comme des leviers essentiels pour accélérer l’intégration. Plusieurs pays investissent dans les guichets uniques électroniques, les plateformes de paiement transfrontalières et les corridors logistiques intelligents. L’adoption de technologies comme la blockchain pour la traçabilité des marchandises ou l’intelligence artificielle pour l’optimisation des flux commence à porter ses fruits dans certaines régions pilotes.
Cependant, l’écart entre les pays avancés et les États les moins développés s’accentue, risquant de creuser les inégalités et d’exclure les petites entreprises du commerce régional.
Perspectives et recommandations
Pour relever le défi de l’intégration, les États africains devront accélérer l’harmonisation réglementaire, investir massivement dans les infrastructures de transport et de communication, et renforcer la coopération entre les administrations douanières. Le rôle du secteur privé, des femmes entrepreneures et des jeunes innovateurs sera déterminant pour construire une économie africaine plus ouverte, compétitive et inclusive.
À l’horizon 2030, la réussite de l’intégration régionale sera un facteur clé de la transformation structurelle du continent, de la création d’emplois et de la résilience face aux chocs extérieurs.