La cybercriminalité connaît une croissance fulgurante sur le continent africain, en particulier en Afrique de l’Ouest et centrale. Selon un récent rapport de l’Union africaine et d’Interpol, plus de 30 % des crimes signalés dans ces régions sont désormais liés à des activités cybernétiques, mettant en péril la sécurité des États, des entreprises et des citoyens.
Des attaques de plus en plus sophistiquées
Les cybercriminels africains exploitent la montée en puissance du numérique sur le continent. Fraudes bancaires, ransomwares, phishing, détournements de fonds, usurpation d’identité : les méthodes se diversifient et deviennent de plus en plus sophistiquées. Les institutions financières, les administrations publiques et les grandes entreprises sont particulièrement ciblées, mais les particuliers ne sont pas épargnés.
En 2024, plusieurs banques ouest-africaines ont été victimes de cyberattaques massives, entraînant des pertes financières estimées à plusieurs centaines de millions de dollars. Au Nigeria, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Cameroun, les autorités ont lancé des plans d’urgence pour renforcer la sécurité des systèmes d’information.
Les failles structurelles du continent
Le développement rapide d’Internet en Afrique s’est souvent fait sans investissements suffisants dans la cybersécurité. De nombreux pays manquent de cadres juridiques adaptés, de spécialistes formés et d’infrastructures de protection. Selon la Commission économique pour l’Afrique, moins de 20 % des États africains disposent d’une stratégie nationale de cybersécurité.

La sensibilisation des populations reste également faible. Les campagnes d’information sur les risques liés à l’utilisation des réseaux sociaux ou des applications bancaires sont encore rares, alors que l’usage du mobile banking explose.
Une mobilisation continentale en marche
Face à l’ampleur du phénomène, l’Union africaine a adopté en 2025 un plan d’action pour la cybersécurité, encourageant la coopération entre États, la formation des experts et l’harmonisation des législations. Plusieurs centres régionaux de réponse aux incidents cybernétiques ont été créés, notamment à Dakar, Abidjan et Douala.
Les gouvernements africains investissent également dans la formation : des universités et écoles spécialisées ouvrent leurs portes, et des partenariats sont noués avec l’Europe, les États-Unis et l’Asie pour renforcer les compétences locales.
L’enjeu de la confiance numérique
La montée de la cybercriminalité menace la confiance dans l’économie numérique africaine, un secteur pourtant porteur de croissance et d’emplois. Les experts insistent sur la nécessité de sensibiliser les entreprises et les citoyens, de promouvoir l’adoption de solutions de sécurité et de renforcer la coopération internationale.
Pour le Dr. Aïssatou Diallo, spécialiste en cybersécurité à Dakar, « l’Afrique doit investir massivement dans la protection de ses infrastructures numériques si elle veut réussir sa transformation digitale. »