Le football africain entre dans une nouvelle ère
La Confédération africaine de football (CAF) a officialisé, le 29 mai, la création d’une Super Ligue africaine, une compétition inédite qui réunira les meilleurs clubs du continent dès la saison 2025-2026. Présentée comme une révolution pour le football africain, cette initiative suscite à la fois espoirs et controverses : promesse de développement économique, d’attractivité internationale, mais aussi craintes d’aggravation des inégalités et de marginalisation des petits clubs.
Les faits : une compétition d’élite pour le continent
Selon le communiqué de la CAF, la Super Ligue africaine réunira 24 clubs issus des principales nations du football africain : Égypte, Maroc, Tunisie, Nigeria, Afrique du Sud, RD Congo, Côte d’Ivoire, Ghana, etc. Le format prévoit une phase de groupes, suivie de quarts de finale, demi-finales et finale, avec des matchs aller-retour sur l’ensemble du continent.
La dotation financière est sans précédent : 100 millions de dollars de primes seront répartis entre les clubs participants, avec un minimum garanti pour chaque équipe et des bonus pour les meilleures performances. La CAF espère ainsi attirer les sponsors internationaux, les diffuseurs et les investisseurs, et retenir les talents africains sur le continent.
Les ambitions : rivaliser avec l’Europe et renforcer le football local
La création de la Super Ligue répond à plusieurs objectifs :
- Améliorer la compétitivité des clubs africains : En confrontant régulièrement les meilleures équipes, la CAF espère élever le niveau du football africain et préparer les clubs à briller sur la scène mondiale.
- Freiner l’exode des jeunes talents : En offrant des revenus plus attractifs et une visibilité accrue, la Super Ligue veut retenir les joueurs africains, souvent contraints de partir très jeunes en Europe.
- Dynamiser l’économie du football : La compétition devrait générer des retombées économiques pour les clubs, les villes hôtes, les médias et les sponsors, et créer des emplois dans l’organisation, la sécurité, la communication.
- Valoriser l’image de l’Afrique : La CAF veut faire de la Super Ligue une vitrine du dynamisme, de la créativité et de l’unité africaine.
Les critiques : risques d’inégalités et de marginalisation
Si l’initiative est saluée par de nombreux dirigeants et supporters, elle suscite aussi de vives critiques :
- Concentration des richesses : Les grands clubs, déjà mieux dotés, risquent de creuser l’écart avec les équipes modestes, accentuant les inégalités dans les championnats nationaux.
- Marginalisation des petites fédérations : Les clubs des pays moins puissants pourraient être exclus de la compétition, ce qui limiterait la diversité et la représentativité.
- Risque de surcharge du calendrier : Les joueurs africains, souvent sollicités en club et en sélection, pourraient être victimes de blessures et de fatigue.
- Menace sur les compétitions traditionnelles : Certains craignent que la Super Ligue ne relègue au second plan la Ligue des champions de la CAF et les championnats locaux.
Les réactions : enthousiasme, prudence et mobilisation
La plupart des grands clubs africains – Al Ahly, Zamalek, Raja Casablanca, Espérance de Tunis, Mamelodi Sundowns – ont salué la création de la Super Ligue et se disent prêts à relever le défi. Les supporters espèrent voir plus de grands matchs, de stars et de spectacles sur le continent.
Les fédérations nationales, les syndicats de joueurs et les associations de supporters appellent à la vigilance : « Le football africain doit rester un vecteur d’inclusion et de développement pour tous, pas seulement pour une élite », souligne l’Association des footballeurs africains.

Les perspectives : une opportunité à saisir, un modèle à inventer
La réussite de la Super Ligue dépendra de sa capacité à associer tous les acteurs du football africain : clubs, ligues, fédérations, joueurs, supporters, sponsors. La CAF promet un système de solidarité financière, des investissements dans les infrastructures et la formation, et une gouvernance transparente.
Les experts estiment que la Super Ligue peut devenir un modèle d’innovation, à condition de respecter l’équilibre entre élite et base, tradition et modernité, spectacle et éthique sportive.
Conclusion : la Super Ligue, pari sur l’avenir du football africain
La création de la Super Ligue africaine marque un tournant pour le sport roi sur le continent. Entre ambitions économiques, rêves de grandeur et défis d’équité, le football africain s’engage sur une nouvelle voie. Le succès de cette aventure dépendra de la capacité de l’Afrique à inventer son propre modèle, fidèle à ses valeurs et à ses passions.