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Afrique de l’Ouest : la CEDEAO fête ses 50 ans sur fond de tensions et de départs de membres

par Africanova
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La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) célèbre en 2025 son cinquantième anniversaire dans un contexte inédit de turbulences politiques et de remise en question de son unité. Créée en 1975 pour promouvoir l’intégration économique et la stabilité régionale, la CEDEAO est aujourd’hui confrontée à des défis majeurs : départs de membres, coups d’État, crises sécuritaires et contestations de son rôle sur la scène ouest-africaine. Cette commémoration, qui aurait pu être un moment de fierté collective, devient l’occasion d’un bilan lucide sur l’avenir de l’organisation.

Un demi-siècle d’intégration régionale

Depuis sa création, la CEDEAO a joué un rôle central dans la promotion du commerce intra-régional, la libre circulation des personnes et des biens, et la résolution des conflits. L’organisation s’est illustrée par des interventions diplomatiques et militaires, notamment en Sierra Leone, au Liberia, en Côte d’Ivoire et en Gambie, pour restaurer la paix et l’ordre constitutionnel. Elle a également impulsé des projets d’infrastructures et d’harmonisation des politiques économiques.

Mais les succès de la CEDEAO sont aujourd’hui éclipsés par une série de crises qui fragilisent sa cohésion. Les récents coups d’État au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger, ainsi que les tensions internes au Nigeria, ont mis à l’épreuve la capacité de l’organisation à garantir la stabilité et la démocratie.

Des départs qui inquiètent

En 2024 et 2025, plusieurs États membres, dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, dénonçant une « ingérence » et une « injustice » dans la gestion des transitions politiques. Ces départs affaiblissent le bloc régional et remettent en cause ses mécanismes de solidarité. Les sanctions économiques imposées par la CEDEAO aux régimes militaires ont été critiquées pour leur impact sur les populations civiles, accentuant le ressentiment envers l’organisation.

La Côte d’Ivoire, le Ghana et le Sénégal, piliers historiques de la CEDEAO, appellent à une réforme en profondeur pour restaurer la confiance et l’efficacité de l’institution. Les débats sur la gouvernance, la représentativité et la capacité d’adaptation de la CEDEAO sont au cœur des discussions lors du sommet du cinquantenaire à Abuja.

Crises sécuritaires et défis de l’intégration

La région ouest-africaine est confrontée à une montée de l’insécurité, notamment dans la zone sahélienne, où les groupes jihadistes multiplient les attaques contre les civils et les forces de sécurité. Le déplacement massif des populations, la crise alimentaire et la faiblesse des États accentuent les vulnérabilités. La CEDEAO est critiquée pour son manque de moyens et de coordination dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.

Par ailleurs, les ambitions d’intégration économique sont freinées par les barrières commerciales persistantes, la faiblesse des infrastructures et la concurrence entre les économies nationales. Le projet de monnaie unique, l’éco, reste en suspens, faute de consensus sur les critères de convergence.

Réformes et perspectives d’avenir

Face à ces défis, la CEDEAO s’engage dans un processus de réforme visant à renforcer ses institutions, à améliorer la gestion des crises et à promouvoir une intégration plus inclusive. Les États membres s’accordent sur la nécessité d’impliquer davantage la société civile, les femmes et les jeunes dans la prise de décision.

Le président en exercice de la CEDEAO, Bola Tinubu du Nigeria, a déclaré lors du sommet : « Notre unité est notre force. Nous devons réinventer la CEDEAO pour répondre aux aspirations de nos peuples et relever les défis de notre temps. »

Un anniversaire sous le signe de la résilience

Malgré les tensions, la célébration du cinquantenaire de la CEDEAO est l’occasion de rappeler les acquis de l’intégration régionale et d’affirmer la volonté des États ouest-africains de préserver un espace commun de dialogue, de coopération et de solidarité. L’avenir de la CEDEAO dépendra de sa capacité à se réformer, à s’adapter aux mutations politiques et sécuritaires, et à répondre aux attentes des citoyens.

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