La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) célèbre son cinquantième anniversaire dans un contexte marqué par des défis sécuritaires, économiques et politiques sans précédent. Fondée en 1975, la CEDEAO s’est imposée comme l’un des principaux moteurs de l’intégration régionale sur le continent africain, jouant un rôle clé dans la promotion du commerce, la libre circulation des personnes et la gestion des crises politiques. Cependant, les tensions internes et les fractures au sein de l’organisation menacent aujourd’hui sa cohésion et son efficacité.
L’un des principaux défis auxquels la CEDEAO est confrontée est la montée de l’insécurité, notamment dans la bande sahélienne. Les attaques terroristes perpétrées par des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique ont fragilisé plusieurs États membres, dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette insécurité persistante a provoqué des déplacements massifs de populations, entravé les échanges commerciaux et sapé la confiance des investisseurs régionaux et internationaux.
Sur le plan politique, la multiplication des coups d’État dans la région a mis à l’épreuve la capacité de la CEDEAO à défendre les principes démocratiques. Les transitions militaires au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger ont suscité des débats internes sur la stratégie à adopter face à la remise en cause de l’ordre constitutionnel. Si l’organisation a imposé des sanctions et suspendu certains États membres, elle a également été critiquée pour son manque de fermeté et la lenteur de ses réponses.

L’intégration économique, autre pilier de la CEDEAO, connaît également des difficultés. Le projet de monnaie unique, l’Eco, censé renforcer l’autonomie financière de la région, peine à se concrétiser en raison de divergences entre les États membres sur les critères de convergence macroéconomique. Les barrières non tarifaires, la faiblesse des infrastructures et la concurrence entre les économies nationales freinent la réalisation du marché commun ouest-africain.
Malgré ces défis, la CEDEAO demeure un acteur incontournable de la diplomatie régionale. Elle a joué un rôle déterminant dans la résolution de plusieurs crises, notamment en Côte d’Ivoire, en Gambie et au Liberia. Son mécanisme d’alerte précoce et de réponse rapide est souvent cité en exemple pour la gestion des conflits en Afrique. L’organisation continue également de promouvoir des initiatives en faveur de la jeunesse, de l’entrepreneuriat et de la transformation numérique.
La société civile ouest-africaine, de plus en plus mobilisée, appelle à une réforme en profondeur de la CEDEAO pour renforcer sa légitimité et son efficacité. Les citoyens réclament une organisation plus transparente, plus proche des réalités locales et davantage engagée dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance.
À l’heure de son cinquantenaire, la CEDEAO doit relever le défi de la refondation pour rester un moteur de l’intégration et du développement en Afrique de l’Ouest. La consolidation de la paix, la relance économique post-COVID-19 et la transition écologique figurent parmi les priorités identifiées par les experts et les partenaires internationaux.