L’accès aux vaccins essentiels demeure l’un des plus grands défis de santé publique en Afrique, où des millions d’enfants restent exclus des campagnes de vaccination, exposant le continent à des épidémies évitables et à une mortalité infantile élevée. Selon le dernier rapport de l’Africa CDC et de l’Organisation mondiale de la santé, près de 20% des enfants africains n’ont pas reçu la totalité des vaccins recommandés, notamment contre la rougeole, la poliomyélite, la diphtérie ou la fièvre jaune.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs structurels et conjoncturels. Les systèmes de santé, souvent sous-financés, peinent à assurer une couverture vaccinale universelle, en particulier dans les zones rurales et les régions touchées par les conflits. Le manque de personnel qualifié, les ruptures d’approvisionnement, l’insuffisance des infrastructures de stockage et la faible sensibilisation des populations contribuent à l’exclusion de nombreux enfants.

La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation, perturbant les chaînes logistiques et détournant les ressources humaines et financières vers la lutte contre le coronavirus. De nombreux programmes de vaccination de routine ont été suspendus ou ralentis, entraînant une recrudescence de maladies évitables. La résurgence de la poliomyélite et de la rougeole dans plusieurs pays africains en est une illustration préoccupante.
Les inégalités régionales sont également marquées. Les pays du Sahel, de la Corne de l’Afrique et du bassin du lac Tchad affichent les taux de couverture vaccinale les plus faibles, en raison de l’insécurité, des déplacements de population et de la pauvreté extrême. À l’inverse, certains pays comme le Rwanda, le Ghana ou le Maroc ont réussi à atteindre des taux de couverture proches des standards internationaux grâce à des politiques volontaristes et à l’implication des communautés locales.
Face à cette urgence sanitaire, l’Africa CDC a lancé plusieurs initiatives pour renforcer la production locale de vaccins, améliorer la logistique et former les personnels de santé. Des partenariats avec l’Union africaine, Gavi, l’Unicef et l’OMS visent à accélérer la distribution des vaccins et à sensibiliser les familles à l’importance de la vaccination.

La mobilisation des leaders communautaires, des ONG et des médias est essentielle pour combattre la désinformation et lever les réticences culturelles. L’éducation des mères et l’implication des écoles dans les campagnes de vaccination sont identifiées comme des leviers efficaces pour augmenter la couverture vaccinale.
L’accès universel aux vaccins est un enjeu clé pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) en Afrique. Il conditionne la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle et la résilience face aux épidémies. Les experts appellent à un engagement politique renouvelé, à une augmentation des financements et à une coopération internationale renforcée pour garantir à chaque enfant africain le droit à la vaccination.