La mobilisation des taxis, phénomène longtemps associé aux grandes métropoles européennes, gagne désormais les principales villes africaines. À Dakar, Abidjan, Lagos ou encore Casablanca, les chauffeurs de taxi multiplient les actions de protestation : blocages de routes, grèves, rassemblements devant les ministères. Leur objectif : dénoncer la précarisation de leur métier, la concurrence jugée déloyale des plateformes numériques et l’absence de soutien des pouvoirs publics.
Un mouvement qui s’étend sur le continent
Au Sénégal, la colère des taxis s’est cristallisée autour de la hausse du prix du carburant et de la multiplication des applications de VTC. À Abidjan, les chauffeurs dénoncent la concurrence des « clandos », ces taxis non déclarés qui échappent à toute réglementation. À Lagos, la grogne porte sur la sécurité et le racket policier. Partout, le sentiment d’abandon domine : « On ne nous écoute pas, on nous impose des lois sans concertation », déplore Mamadou, chauffeur à Dakar.
Des revendications multiples
Les chauffeurs de taxi réclament une meilleure régulation du secteur, des aides pour faire face à la hausse des coûts (carburant, entretien, taxes), et une lutte plus ferme contre la concurrence informelle. Ils demandent aussi la modernisation de leur métier : accès au crédit pour renouveler les véhicules, formation à l’accueil client, intégration des nouvelles technologies. « Nous ne sommes pas contre le progrès, mais il faut que tout le monde respecte les mêmes règles », explique Fatoumata, présidente d’une coopérative à Abidjan.
La concurrence des plateformes, un défi mondial
Comme en Europe, l’arrivée de plateformes comme Uber, Bolt ou Yango bouleverse le secteur. Si ces applications offrent plus de choix et de sécurité aux clients, elles sont perçues comme une menace par les taxis traditionnels, qui doivent payer licences et taxes. Le débat sur la « concurrence déloyale » est vif, et certains États africains commencent à légiférer pour encadrer ces nouveaux acteurs.
Des parallèles avec l’Europe
La mobilisation des taxis africains rappelle les mouvements observés à Paris, Madrid ou Bruxelles : blocages de gares et d’aéroports, manifestations massives, négociations avec les autorités. Mais le contexte africain est marqué par une informalité plus forte, une précarité accrue et une absence de dialogue social structuré. Les syndicats de taxis, souvent peu organisés, peinent à faire entendre leur voix face à des gouvernements préoccupés par d’autres urgences.

Les enjeux pour la mobilité urbaine
Au-delà des revendications immédiates, la crise des taxis pose la question de l’avenir du transport urbain en Afrique. Les villes grandissent, la demande explose, mais les infrastructures peinent à suivre. Le développement d’un transport collectif moderne, la régulation des plateformes et le soutien aux acteurs traditionnels seront essentiels pour garantir une mobilité accessible et durable.
Conclusion : un secteur à réinventer
La mobilisation des taxis africains est le signe d’un secteur en pleine mutation, confronté à la double pression de la modernisation et de la précarité. Pour éviter l’explosion sociale, il faudra inventer de nouveaux modèles, conciliant innovation, équité et dialogue. Le taxi, longtemps symbole de liberté et de débrouille, doit désormais trouver sa place dans la ville africaine du XXIe siècle.