Introduction
La République démocratique du Congo (RDC) vient de conclure un accord inédit avec les États-Unis, baptisé « minerais contre sécurité ». Ce partenariat, officialisé à Kinshasa le 18 mai 2025, vise à garantir l’accès américain aux ressources stratégiques congolaises – cobalt, cuivre, lithium – en échange d’un soutien militaire, technologique et logistique accru dans la lutte contre les groupes armés qui déstabilisent l’est du pays. Cet accord suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes, tant il pourrait redéfinir les relations entre grandes puissances et États africains autour de la sécurisation des ressources et du développement.
Un contexte sécuritaire et économique explosif
La RDC détient plus de 60 % des réserves mondiales de cobalt, essentiel pour les batteries électriques et la transition énergétique mondiale. Mais l’exploitation de ces minerais est entravée par l’insécurité chronique dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où sévissent des dizaines de groupes armés. Les attaques contre les sites miniers, les enlèvements de travailleurs et les trafics illicites privent l’État de revenus et menacent la stabilité régionale. Washington, soucieux de sécuriser ses chaînes d’approvisionnement face à la Chine, propose donc une alliance stratégique : appui militaire, formation, renseignement et investissements dans les infrastructures de sécurité, en échange d’un accès privilégié aux minerais stratégiques.
Les termes de l’accord
- Sécurité : Déploiement d’experts américains, livraison de drones de surveillance, formation des forces congolaises et création d’une task force conjointe contre les groupes armés.
- Économie : Accords d’exclusivité pour l’achat de cobalt et de cuivre, investissements dans la transformation locale, et appui à la certification « minerais propres » pour rassurer les marchés internationaux.
- Transparence : Mécanismes de suivi impliquant la société civile congolaise, audits indépendants, et publication des contrats pour limiter la corruption.
Les enjeux pour la RDC
Pour Kinshasa, l’accord représente une opportunité de restaurer l’autorité de l’État dans l’est du pays, d’attirer des investissements massifs et de sortir du piège de l’exportation brute. Mais il comporte aussi des risques : perte de souveraineté sur les ressources, dépendance à un partenaire unique, et critiques potentielles sur la militarisation de la gestion minière.

Les réactions nationales et internationales
- Société civile congolaise : Accueil mitigé, entre espoir d’une pacification durable et crainte d’une nouvelle forme de « pacte colonial ».
- Chine : Principal rival sur le marché du cobalt, Pékin dénonce un « accord d’exclusion » et menace de revoir ses propres investissements en RDC.
- Union africaine : Appelle à la transparence et à la préservation de l’intérêt général africain, tout en saluant la recherche de solutions innovantes.
Un modèle pour l’Afrique ?
Cet accord pourrait inspirer d’autres pays riches en ressources mais fragilisés par l’insécurité (Mali, Burkina Faso, Mozambique). Il pose la question de la conditionnalité des partenariats internationaux et de la capacité des États africains à négocier des alliances équilibrées, qui favorisent à la fois la sécurité, le développement et la souveraineté.
Conclusion
L’accord « minerais contre sécurité » entre la RDC et les États-Unis inaugure une nouvelle ère de coopération stratégique en Afrique. Il pourrait renforcer la stabilité et la prospérité, à condition que la transparence, la gouvernance et l’intérêt national priment sur les logiques de dépendance et de prédation. La RDC, laboratoire de ce nouveau modèle, sera scrutée de près par tout le continent.