En 2025, l’adaptation théâtrale du roman “Les bijoux de pacotille” de la Franco-Sénégalaise Cécile Ladjali, mise en scène à Paris par la compagnie panafricaine Kër Théâtre, rencontre un succès critique et public retentissant. Cette œuvre, à la croisée de la littérature, de la mémoire et de la création scénique, interroge la transmission du deuil, la reconstruction identitaire et la puissance du récit africain contemporain. Retour sur un événement artistique qui illustre la vitalité du théâtre africain et son rayonnement international.
Un texte fort sur la mémoire et le deuil
“Les bijoux de pacotille” raconte l’histoire d’une jeune femme confrontée à la perte de ses parents dans un attentat, et à la difficulté de se reconstruire dans un monde marqué par la violence, l’exil et la quête d’identité. Le texte, empreint de poésie et de lucidité, aborde des thèmes universels : la mémoire, le deuil, la résilience, la filiation, la transmission. Il donne voix à une génération africaine et diasporique en quête de sens et de reconnaissance.
Une mise en scène audacieuse et inclusive
La compagnie Kër Théâtre, dirigée par le metteur en scène sénégalais Mamadou Diop, a choisi une scénographie épurée, mêlant théâtre, musique live, vidéo et danse contemporaine. Les comédiens, issus de plusieurs pays d’Afrique et de la diaspora, incarnent la diversité des trajectoires et des imaginaires africains. La mise en scène valorise la parole intime, le travail choral et l’interaction avec le public.
Des ateliers participatifs, des rencontres avec les scolaires et des débats post-représentation enrichissent la démarche, faisant du spectacle un espace de dialogue et de transmission intergénérationnelle.
Un théâtre africain en pleine renaissance
Le succès de “Les bijoux de pacotille” s’inscrit dans le renouveau du théâtre africain contemporain. De Dakar à Abidjan, de Bamako à Johannesburg, de Paris à Montréal, de jeunes dramaturges, metteurs en scène et comédiens explorent de nouveaux langages, questionnent les héritages et s’emparent des enjeux de leur temps : migration, genre, mémoire, justice, environnement.
Les festivals internationaux (Festival des Réalités à Bamako, Les Récréâtrales à Ouagadougou, Festival d’Avignon, Festival d’Automne à Paris) offrent une visibilité croissante aux créateurs africains, qui s’imposent par leur audace, leur inventivité et leur engagement social.
Transmission et dialogue des mémoires
L’adaptation de “Les bijoux de pacotille” met en lumière la question de la transmission des mémoires blessées : comment raconter l’indicible ? Comment faire dialoguer les générations ? Comment transformer la douleur en force créatrice ? Le spectacle interroge aussi la place de la femme dans la société africaine, la complexité des identités diasporiques et la nécessité de repenser les récits collectifs.
Un pont entre l’Afrique et l’Europe
La création à Paris, avec une équipe mixte et un public diversifié, symbolise la capacité du théâtre africain à bâtir des ponts entre les continents. L’œuvre suscite l’émotion, le débat et la réflexion, contribuant à déconstruire les préjugés et à valoriser la richesse des cultures africaines en Europe.
Défis et perspectives
Le théâtre africain reste confronté à des défis : accès aux financements, formation des artistes, diffusion internationale, reconnaissance institutionnelle. Mais l’engagement des compagnies, le soutien des diasporas et l’ouverture des scènes européennes ouvrent de nouvelles perspectives pour la création, la coproduction et la circulation des œuvres.
Conclusion
“Les bijoux de pacotille” à Paris est plus qu’un spectacle : c’est un acte de mémoire, de résistance et de création. Il incarne la vitalité du théâtre africain contemporain, sa capacité à toucher l’universel et à dialoguer avec le monde. Soutenir cette dynamique, c’est investir dans la culture, la mémoire et l’avenir partagé de l’Afrique et de l’Europe.
